Timothée Minard vient de mettre à jour son précieux comparatif : Accordance 11, BibleWorks 10, Logos 6 et Bible Parser 2015 : quel logiciel pour la recherche exégétique ? Ce comparatif s’accompagne de vidéos en ligne, particulièrement bien réalisées et riches en informations (Accordance, Bible Parser, BibleWorks, Logos). J’ai déjà commenté ce travail dans un précédent billet, à l’occasion de la publication d’une version allégée dans une revue biblique : Comparatif des quatre meilleurs logiciels bibliques pour l’exégèse (RHPR 2014, 94/3, 303-318).
A mon avis, c’est un grand service rendu aux biblistes, car il me paraît pratiquement impossible, aujourd’hui, d’effectuer des recherches bibliques pointues sans recours à un ou plusieurs logiciels. Or chaque logiciel possède une logique propre, et acquérir une bonne connaissance des différentes procédures de recherche, pour fastidieuse qu’elle soit, est un impératif. Avec ce guide et les vidéos, la tâche est grandement facilitée !
J’ai la plus grande admiration pour les logiciels Accordance, BibleWorks et Logos, et j’incite bien volontiers tous ceux qui le peuvent financièrement à investir dans ces trois références. Mais en tant que développeur de Bible Parser, je ne m’intéresserai ici qu’à ce dernier.
Il faut déjà rappeler que c’est en grande partie grâce à ce travail comparatif de Timothée Minard que la version 2015 de Bible Parser existe, dans la forme qu’on lui connaît. En portant un regard amical mais sans concession sur mon travail, il m’a incité à user d’ingéniosité, et d’huile de coude, pour rendre mon logiciel plus intuitif, plus en phase avec les attentes des utilisateurs. Je trouve que l’objectif est en grande partie atteint, même si bien des évolutions sont encore en cours. Pour cela, je ne puis qu’être infiniment reconnaissant.
Passons à ce nouveau comparatif. Pour aller à l’essentiel, je trouve ce comparatif remarquable. Je ne m’arrête donc que ce qui me dérange un peu.
Bible Parser est relativement instable et le comportement du logiciel parfois déroutant. (p.4)
C’était vrai il y a un temps, mais Bible Parser ne me paraît plus « instable », ni « déroutant ». A mon sens, un logiciel est instable quand il plante régulièrement. Or ce n’est pas le cas de Bible Parser. Il est paramétré pour informer l’utilisateur en cas d’erreur, mais sans planter. Dans le menu ?, il est possible d’Afficher la dernière erreur rencontrée (Ctrl + E) ou le Fichier des événements (Ctrl +L). Ces informations permettent, le cas échéant, un dépannage. Or tout logiciel comporte des bugs. Ce qui est important au fond, c’est la réactivité du support. Dans le cas de Bible Parser, j’assure tant des dépannages distants (TeamViewer) que des mises à jour régulières. Il convient donc de signaler tout comportement « instable » !
Il est vrai que je ne garantis pas de support pour la version en Téléchargement. Ce n’est pas pour isoler l’utilisateur face à un éventuel problème, c’est plutôt parce que la nouvelle technologie .NET que j’utilise le rend inutile. Le logiciel fonctionne très bien, et sur une grande variété de systèmes. En cas de difficulté, je reste cependant à l’écoute. Pour tout dire les seuls cas où j’oppose l’absence de support concernent des cas où les instructions d’installation, élémentaires à mon sens, ne sont manifestement pas suivies.
Quant à l’aspect « déroutant », je le concède de mauvais gré, et dans le doute. Il est certain que tant que Bible Parser n’aura pas de Documentation systématique, une partie de ses fonctionnalités resteront peut-être hermétiques, encore que tous mes efforts aient porté sur le caractère intuitif des outils. Je finalise actuellement l’outil Request Builder (plus sur ce sujet dans ce qui suit !!!) et ma prochaine priorité sera l’optimisation de la fluidité du logiciel. Toutes les opérations gourmandes seront reléguées à l’arrière-plan (dans un thread ou processus différent), ce qui permettra à l’interface de ne pas se figer dans les rares cas d’une recherche durant plus d’une seconde.
Son prix est donc relativement bas : pour 30 €, le bibliste a accès à un logiciel complet par téléchargement. (p.5)
Certes. Mais je dirais plus. Il n’est pas relativement bas. Il est extrêmement bas. Pour ne citer qu’un exemple, prenez un module chez Logos, un module insignifiant – par exemple la version Louis Segond, un ouvrage libre de droits. Il faut débourser un peu plus de 15€. C’est parfaitement indécent, et remarquez que c’est la moitié du prix de Bible Parser (Téléchargement).
A cet effet j’ai créé une bibliothèque de modules libres pour Logos (que Timothée Minard signale p.35). Ce que je veux surtout souligner ici, c’est que si les logiciels professionnels sont certes exceptionnels, leurs prix sont plus que… déroutants.
Concernant les compatibilités, Minard signale que BP fonctionne sous Windows et sous Mac moyennant un émulateur (p.8). Le mot émulateur peut faire peur, car c’est un logiciel qui sert d’interface, et en général, sauf configuration matérielle particulièrement véloce, la rapidité du logiciel s’en ressent. Je rappelle ici qu’il y a également Bootcamp – le dual boot (outre CrossOver). A vrai dire je travaille moi-même sur un Mac… Bible Parser est donc le produit d’un Mac ! Mais il démarre sur Windows, nativement. Il n’est pas question ici d’émulateur. Le système Windows n’est pas « interfacé ».
La version de BP testée par Minard est la v.7.0.9 (p.8) – je pense que c’est une coquille, car il signale des nouveautés subséquentes – la dernière version étant la v.714 (la v.715 est bien avancée, à paraître vendredi en principe).
Pour l’installation d’Accordance telle qu’indiquée p.10, je ne suis pas du tout d’accord. C’est horriblement long. Comme aucun support physique n’est fourni, Accordance télécharge des gigas de données… Chez moi installer Accordance correctement, en comptant les inévitables plantages (téléchargement figé ad vitam…), dure deux jours au minimum. Bien sûr je ne suis pas devant tout le temps, mais c’est un indicateur : impossible d’en être quitte le jour même. Idem pour Logos, et même pire. De son côté Bible Parser propose une clé USB qui s’installe en trente ou quarante minutes : un quinzaine pour le logiciel même, et le reste pour les 6 DVD, qui proposent chacun leur propre setup. Il n’y a pas de manipulation à faire, hormis double-cliquer sur le fichier de setup…
D’ailleurs Logos non seulement prend un temps horriblement long pour s’installer, mais aussi pour s’indexer, ou pour s’ouvrir, si bien qu’il n’est guère possible de l’utiliser le premier jour. De son côté, Accordance est long pour l’installation, mais extrêmement rapide ensuite.
P.11 sont signalés quelques points d’amélioration à apporter à Bible Parser : sur sa fluidité, qui est jugée Moyenne, et sur l’aide et les tutoriels Inexistants. Ces deux points feront l’objet de mes efforts dans les semaines à venir. Concernant les bugs d’affichage, le principal connu concerne l’affichage des visuels, qui occasionne quelques bizarreries. Faites simplement F5 pour régler le problème. Il semble également, au moins chez un utilisateur, que les détails instantanés n’apparaissent plus depuis quelques temps. Si cela vous arrive, merci de me le signaler. La v.715 introduira ses Détails également en barre de tâche.
P.13 l’affichage des parallèles (Tov) LXX/TM sont jugés Bien chez BibleWorks et Moyen dans BP. C’est une affaire de goût car je les trouve hideux dans BibleWorks, mais jolis dans BP !
P.15 les fonctionnalités de BP en matière de critique textuelle de l’AT sont signalées. C’est en effet un domaine dans lequel je n’ai pas ménagé mes efforts, et cela continuera. Sur les parallèles BHS/TM, Minard souligne l’avantage de BP : les différences sont expliquées en français. Il note que les recherches croisées ne sont pas possibles : là-encore, c’est un point qui sera, je l’espère, implémenté sous peu. Peut-être aurait-il été pertinent de souligner que l’utilité de ce type d’outil passe par l’intuitivité de l’interface : quand l’information vient à soi, on peut se rendre compte d’un fait qu’on n’aurait pas remarqué autrement. Or, les autres logiciels ne disposent pas, comme BP, d’un menu d’Informations contextuelles attirant l’attention de l’utilisateur sur les faits les plus importants :
Or on le sait, les grandes découvertes sont souvent le fruit du hasard… Dans les exemples ci-dessus, je vous laisse apprécier le nombre d’informations qui sont délivrées, sans être invasives.
Pour ne citer qu’un exemple, consultez 1 Samuel 10.1 et vous serez sans doute interpellé(e) le nombre de variantes…
Côté critique textuelle du NT, et sans chauvinisme, je trouve assez exceptionnelle ma petite compilation des manuscrits et papyri du NT.
Vous remarquerez que j’ai ajouté dernièrement l’apparat du SBL, tant dans l’Exégèse que dans les informations contextuelles.
Minard indique que BP ne permet de recherche dans l’apparat critique du NT. Ce n’est pas tout à fait exact.
La dernière ou avant-dernière version (je ne sais plus très bien…) de BP a introduit ce petit encart Rechercher dans cet apparat. L’apparat paraît alors dans un fichier PDF, où il est vous loisible de rechercher des mots en grec (accentué ou non). Sans doute Request Builder permettra d’aller plus loin sur ce volet sous peu.
P.19 dans la rubrique Lecture du texte dans son contexte immédiat, Minard indique que la Visualisation de la syntaxe du texte n’est possible sous BP que dans le NT.
Vous serez sans doute surpris des possibilités de BP en la matière. Non seulement BP colorise le texte du NT, mais il l’annote (cas et fonction), et le découpe pour en faciliter la lecture et la compréhension.
L’Ancien Testament n’est pas en reste. Pour l’instant, point de couleurs, mais j’espère y parvenir à terme. Cependant, il existe bel et bien une visualisation de la syntaxe, car, et c’est le premier logiciel à avoir introduit ce type d’outil, BP analyse la cantillation pour proposer un découpage par unités de sens. Dans un verset où c’est particulièrement évident, comme 1 Rois 18.8, l’utilité de la chose est évidente :
Pour l’explication, cf. De l’utilité des accents massorétiques. Logos a ensuite implémenté son Hebrew Cantillations, qui, il faut bien le reconnaître, fait le travail dix fois mieux.
P.20 Bible Parser est le grand absent de la rubrique Informations sur le contexte immédiat. Il faut s’entendre sur ce que désigne un « contexte immédiat ». Mais je suggérerais d’y mentionner les différentes harmonies de BP : Samuel/Chroniques/Rois, Synoptiques, Jude/Pierre, etc. Car bien que ces informations intéressent essentiellement l’intertextualité, elles peuvent apporter un éclairage précis sur le contexte immédiat (spécialement dans le cas des parallèles Rois/Chroniques, ou entre évangiles).
P.21 (et 22) ont voit combien BP n’a, dans certains cas, pas à rougir face à ses « concurrents ». Mais une omission me paraît des plus gênantes !!!
La version 714 a introduit le Grand Bailly !
J’ai volontairement calé les numéros de page du PDF sur les numéros de page de l’édition papier, de sorte que si un jour une indexation s’avère possible, les références puissent être facilitées. Pour le moment les signets permettent de naviguer par ordre alphabétique. Ce n’est quand même un petit détail…
Pour favoriser l’accès à cette précieuse ressource, je l’ai derechef postée sur Archive…
Merci qui ? Bible Parser !
P.24 Minard mentionne les fonctionnalités qui me paraissent les plus intéressantes, et qui intéressent la philologie. Pour ce qui concerne les domaines sémantiques, les recherches lexicales de BP sont évaluées à « Moyen ». En effet cela ne vaut pas Logos… Mais la v.715 va sans doute réjouir les amateurs…
Ouvrez Request Builder et sélectionnez Champs sémantiques grecs. Puis saisissez votre mot grec, ou un mot français précédé d’un astérique…
Vous pouvez alors connaître le domaine sémantique principal du mot en question, et ajouter un par un les mots qui vous intéressent, ou l’ensemble.
Vous pouvez alors rechercher des mots apparentés par le sens, et ce très simplement. Vous pouvez également enregistrer votre requête, ou consulter l’historique.
Mais il y a mieux. Vous pouvez aussi rechercher en français, ou même parcourir l’ensemble des 665 rubriques.
Difficile de faire plus simple.
De même, les Synonymes grecs et les Dérivés grecs ont fait leur apparition.
Bien entendu cet outil vient en complément de ce qui existait par ailleurs, autrement dit la recherche sémantique depuis le menu contextuel.
P.30 l’absence de synopse dans BP est signalée. C’est exact, il n’y a pas de synopse, de disposition des quatre évangiles en parallèle, disponible à ce jour. BP dispose toutefois de plusieurs fonctions synoptiques : dans les Références (versets consultables directement), dans les Parallèles Bibliques, et dans les Informations contextuelles.
La particularité des Parallèles est que l’ensemble des parallèles pour le chapitre en cours sont aussi donnés.
P.34 Minard signale que BP propose de nombreux dessins illustrant les récits bibliques. En effet 1684 visuels, essentiellement des scènes bibliques, enrichissent la lecture biblique. Ces visuels sont référencés par verset – 11 058 au total !!! Tous ne sont pas des chefs-d’œuvre, certes, mais la plupart n’ont pas à rougir devant les meilleures toiles ! Je les ai sélectionnés selon deux critères : 1) la beauté visuelle, 2) l’absence d’anachronisme évident. Prenez Matthieu 24.1 – à quoi pouvaient ressembler le Temple et les constructions dont on parle ? Les visuels en donnent une bonne idée…
Si une image vaut mille mots, l’encart Visuels vous économie 1 684 000 mots…
Ces images comportent d’ailleurs des cartes, ex. Actes 18.1 qui peuvent renseigner sur les voyages missionnaires, des faits de société, des artéfacts, etc.
Je considère donc cet outil comme une belle réussite de BP. Et pour ceux qui s’inquiéteraient des potentielles interprétations ou erreurs inhérentes à la représentation artistique, je signale ici que j’ai puisé à toutes sortes de sources, et proposé plusieurs visuels quand les faits sont débattus, à tort ou à raison (le titulus, la croix par exemple).
En somme je n’ai livré que quelques remarques sur le guide de Timothée Minard en rapport avec Bible Parser. Mais quoi que puissent être mes remarques, je remercie infiniment Timothée Minard d’avoir fourni un document aussi utile. Au-delà du document, les vidéos prolongent et illustrent le propos. Pour BP, voyez ce lien :
Merci bien pour cette lecture attentive de mon comparatif.
Quelques unes des remarques sont dues à des erreurs de ma part, et, lorsque c’est le cas, je les ai rectifiées que ce soit sur la version « en ligne » disponible ici : http://timotheeminard.com/bible-tech/logiciels-bibliques/comparatif/ ou sur le fichier PDF téléchargeable sur Academia ou sur mon site.
– Concernant la remarque p. 4 sur l’instabilité du logiciel : j’avais oublié de corriger cette partie-là, suite aux améliorations de Bible Parser 2015. J’ai donc revu ce petit paragraphe.
– J’ai corrigé les numéros des version testées p. 8 : ayant commencé de mettre à jour le comparatif en juillet dernier, j’avais oublié de mettre à jour ce tableau lors de l’édition finale !
– J’avais effectivement oublié de mentionner Bible Parser dans le paragraphe « Informations sur le contexte immédiat » (p. 20) : c’est désormais chose faite.
– J’ai rajouté la mention du Bailly p. 21-22.
Désolé pour ces quelques erreurs qui ont pu porter préjudice à Bible Parser. Il n’en reste que ce comparatif présente Bible Parser 2015 comme un logiciel particulièrement performant et complet pour son petit prix.
Encore bravo à Didier Fontaine pour ce très bon travail !
Merci pour ces rectifications. Et surtout merci pour ton travail comparatif !