Julia Evelina Smith (1792-1886) est sans doute la première femme à avoir traduit la Bible, seule, et intégralement. Issue d’une famille qui rejetait farouchement la pratique institutionnelle de la religion,elle fut sans doute assez influencée par un prédicateur exalté nommé William Miller (1792-1849), qui prévoyait l’apocalypse pour 1843. Après le cuisant échec de la « prophétie », Julia Smith et son entourage se demandèrent si le problème ne venait pas de l’inexactitude de la traduction de la Bible en usage à l’époque (la King James Version essentiellement). Julia, qui connaissait déjà le grec et le latin, se lança donc dans une étude minutieuse de l’hébreu – étude qui dura huit ans. Au terme de ce laborieux apprentissage, elle entrepris sa propre traduction de la Bible, avec pour objectif le plus de littéralisme possible (voir sa préface).
Cette traduction est surtout un témoignage de son temps. Sa publication et sa distribution sont d’ailleurs inséparables… d’un démêlé que Julia et ses sœurs eurent avec le fisc. À titre d’exemple, Julia Smith traduit Ève par « Vie » (Life), le tétragramme par Jehovah, et ignore le waw conversif : ainsi, elle rend le wayyiqtol par le futur, ou le hifil de manière périphrastique (un peu comme la TMN). Pas terrible !
Voyez : Julia E. Smith, traductrice de la Bible, à la recherche de la vérité par le littéralisme. Sa traduction est disponible en ligne ici : Julia Smith Translation.