Ce n’est pas le titre d’un nouvel ouvrage jaune fluo, mais une fonctionnalité que la mise à jour v.495 de Bible Parser vient d’introduire. C’est une fonctionnalité audacieuse, et il faudra excuser BP s’il ne fait qu’une partie du travail : vous signaler la présence d’une variante, et vous indiquer grosso-modo le type de variante. Ce n’est sans doute pas exhaustif, mais c’est déjà très complet : le module se fonde sur les travaux d’Emmanuel Tov, The Parallel-Aligned BHS/LXX. Sont pris en charge tous les symboles de ce travail, à l’exception (pour l’instant) de ceux qui sont imbriqués ou qui proposent une conjecture.
Ainsi, en Proverbes 14.32 étudié dans un précédent post, BP vous signale qu’il y a métathèse, mais c’est à vous d’aller constater que la métathèse porte sur בְמֹותֹו. À terme, BP vous indiquera néanmoins que le grec traduit en fait (à tort ou à raison) בְּתוּמּוֹ. Notez également que BP est capable de décrypter un symbole comme {p} (qui signifie qu’un préverbe en grec représente une préposition de l’hébreu), mais pas {p?} – idem avec une incertitude. Cet outil sera donc amené à être régulièrement amélioré : la prochaine version permettra notamment de visualiser les textes en parallèle, d’identifier à quel endroit une variante se rencontre (car pour l’instant l’ensemble des variantes sont listées dans l’ordre où elles apparaissent) et de connaître le cas échéant la conjecture proposée par Tov.
L’intérêt de ce type d’apparat est d’attirer votre attention sur un problème textuel ou un problème de traduction entre le Texte Massorétique, les Septante, le Pentateuque Samaritain et les variantes rencontrées dans les Manuscrits de la Mer Morte (Pentateuque uniquement à ce jour). Pour y accéder, vous devez sélectionner l’option CTX et cocher Manuels et introductions divers.
L’outil vous signalera ce type de différences entre TM et LXX :
– chiffres différents,
– erreurs de lecture (métathèse, vocalisation, etc.),
– omissions ou ajouts (avec distinction entre les phénomènes dictés par le contexte, et ceux apparemment inexplicables vraisemblablement dus à un texte parent différent),
– choix de traduction (préverbe pour préposition ou vice-versa, translittérations des noms propres, traduction en un mot d’un ensemble de mots hébreux ou vice-versa, traduction fondée sur l’étymologie, passage du passif à l’actif ou vice-versa, introduction d’un sujet pour clarifier le sens, etc.),
– problèmes de qere et ketib,
– etc.
Chiffres différents :
Apparente omission :
Apparente addition :
Ici on voit que la LXX a deux segments (mais qui forment une unité de sens), εἰς φαῦσιν et τῆς γῆς que le texte hébreu n’a pas. Soit εἰς φαῦσιν τῆς γῆς, « pour l’illumination de la terre » (cf. La Bible d’Alexandrie, tome I, p.92 et note). On remarque que BP signale : PS : 7, ce qui signifie qu’ici le Pentateuque Samaritain a 7 variantes avec le texte massorétique :
Et surprise ! Le Pentateuque Samaritain rejoint la LXX avec le segment להאיר על הארץ, pour illuminer la terre.
Exégèse d’après l’araméen :
Tandis que le texte hébreu porte מֶה הָאָדָם שֶׁיָּבֹוא אַחֲרֵי הַמֶּלֶךְ « Quel est l’homme qui succédera au roi ? », le grec porte un segment différent : ὁ ἄνθρωπος ὃς ἐπελεύσεται ὀπίσω τῆς βουλῆς τὰ ὅσα ἐποίησεν αὐτήν « quel est l’homme qui, après délibération, l’appliquera en tout ce qu’il a fait ? » (La Bible d’Alexandrie, tome XVIII, p.114, note p.115).
Différence dans la traduction des particules et prépositions
Ici TM et LXX diffèrent (entre autres) sur le terme בַּחֲרוּזִים, « parmi (lit. dans) les rangées de perles », que le grec (de manière plus idiomatique, ou par choix) ὡς ὁρμίσκοι, « comme des colliers ».
Enjoy !