Le Dictionnaire grec-français du Nouveau Testament (Bibli’O / ABU 2021) par S. Munteanu, paru récemment, est une adaptation française du lexique de B. M. Newman, A Concise Greek-English Dictionary of the New Testament (1971, 1993), qui avait déjà été traduit et adapté en français par J.-C. Ingelaere, P. Maraval et P. Prigent, Dictionnaire grec-français du Nouveau Testament (1998, 2008). Cette parution est bien entendu une bonne nouvelle – et il en faut – mais il n’y a point de miracle en la demeure : il s’agit bien d’une traduction/adaptation/révision d’un ouvrage anglais, non d’un travail inédit.
Pour vous donner une idée de son contenu, je propose dans ce qui suit de le comparer avec les autres dictionnaires qui lui sont comparables, trois en français, et deux en anglais : M. Carrez, Dictionnaire grec-français du Nouveau Testament (1998) ; J. Cochrane, Dictionnaire grec-français du Nouveau Testament (2016, 2e éd.) ; J.-C. Ingelaere, P. Maraval et P. Prigent, Dictionnaire grec-français du Nouveau Testament (1998, 2008) = I-M-P ; B. M. Newman, A Concise Greek-English Dictionary of the New Testament (1971, 1993) ; F.W. Danker, The Concise Greek-English Lexicon of the New Testament (2009).
L’examen portera sur les gloses ou définitions proposées pour quatre termes : ἁρπαγμός, ἐξουσία, μορφή, προσκύνεω.
Munteanu |
I-M-P |
Cochrane |
Carrez |
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Newman |
Danker |
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Munteanu |
I-M-P |
Cochrane |
Carrez |
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Newman |
Danker |
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Munteanu |
I-M-P |
Cochrane |
Carrez |
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Newman |
Danker |
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Munteanu |
I-M-P |
Cochrane |
Carrez |
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Newman |
Danker |
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Ces quelques cas permettent de formuler les observations suivantes :
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Le « Munteanu » (ci-après N-M comme Newman-Munteanu) est de belle facture : la police grecque est élégante, la disposition est aérée, les gloses se distinguent facilement par l’usage des italiques, et surtout formes irrégulières et dérivés sont mentionnés, ce qui, dans certains cas, peut représenter beaucoup d’informations utiles. On signalera une petite coquille orthographique p.6 « carctéristiques » au lieu de « caractéristiques ».
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Par rapport au Newman et à IMP, N-M représente une amélioration significative : les entrées sont souvent plus développées, soit par l’adjonction de l’étymologie, des dérivés, soit par la refonte de la « définition », soit encore par l’ajout de la référence vers un ou plusieurs versets bibliques. Cependant, dans bien des cas les gloses elles-mêmes sont identiques entre le N-M et le I-M-P (ex. ἑξουσία).
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Le N-M est toujours plus complet que le Newman et que le I-M-P.
- Contrairement au Carrez, le N-M ne fournit pas systématiquement d’indication syntaxique (ex. προσκυνέω + dat, ou + acc.).
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En reprenant quasi systématiquement les gloses de I-M-P, N-M s’expose à en reproduire les même faiblesses, voire les même erreurs. Ex. le sens « prier » de προσκυνέω est probablement erroné. Il s’agit d’une contamination du sens prototypique (= le sens qui fait surface lorsqu’il n’est pas éclairé par un contexte) par un sens contextuel (= le sens possible dans un contexte particulier). Cette fusion des éléments sémantiques et pragmatiques est le propre des lexiques produisant des gloses. Ici, Danker, Cochrane et Carrez ne tombent pas dans ce piège. Autre ex. le sens « chose à retenir » (Newman « something to hold on to » ; voir aussi Cochrane) pour ἁρπαγμός : c’est un sens fantasmatique qui ne s’appuie sur rien. A cet égard, certains des outils utilisés par N-M (cf. p.7) sont inquiétants puisqu’à côté du Bailly, du Chantraine, du Bauer, et du Danker, on trouve aussi des traductions… or, on le sait, ce n’est pas en puisant dans des traductions que l’on fait oeuvre lexicographique…
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Le N-M mérite clairement de supplanter le I-M-P mais j’ai l’intuition, à confirmer, qu’il ne concurrence que faiblement le vénérable Carrez. Il en deviendra, je pense, un utile complément.
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En langue française, le Cochrane n’a toujours pas d’équivalent, mais compte-tenu de son prix relativement prohibitif, le N-M est une très bonne alternative bien meilleur marché, qui de surcroît a le potentiel de couvrir la plupart des besoins.
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Le meilleur lexique « concis » reste le Danker, et de loin, mais je suis de ceux qui pensent qu’il ne faut pas, en la matière, faire de choix et utiliser tous les outils à disposition !
En deux mots, le N-M est un excellent outil, agréable et très pratique. Il permet de fournir un dictionnaire plus récent que le Carrez (et fondé sur le NA28 avec variantes), mais n’a pas d’argument majeur pour le supplanter. Comme il ne donne pas de définition, il n’est pas comparable ni ne peut remplacer le Cochrane. Cela dit, si vous n’avez qu’un « dictionnaire grec-français du Nouveau Testament », le N-M est un excellent choix.
Pour aller plus loin : Extrait.