Quand on lit les évangiles dits synoptiques, à savoir Matthieu, Marc et Luc, il peut arriver qu’un détail étonne, et qu’on souhaite en savoir davantage. On peut alors se reporter aux références marginales, qui sont courantes dans les éditions bibliques. Et souvent on aura le passage parallèle dans un ou plusieurs évangiles. Cependant un moyen bien plus commode est de consulter une synopse. Il en existe plusieurs en français : l’ancienne édition Lavergne/Lagrange ou celle de Tiddy, et l’édition scientifique en trois volumes par Boismard et Benoit (I, II, III). Mais les premières sont datées, et les dernières, si elles constituent – avec le volume de Aland – l’édition de référence pour toute recherche un peu poussée, sont peu maniables.
Heureusement, l’édition de Lucien Deiss, Synopse des évangiles (DDB, 2007), existe. Non seulement le volume est maniable et de bonne qualité, mais de plus son auteur en a fait un petit bijou. La présentation est claire et aérée, les variantes textuelles sont indiquées en note, et surtout, la traduction du grec est précise – disons, aussi littérale qu’il le faut pour ce type d’outil. Ainsi les comparaisons sont-elles vraiment pertinentes. Car les lecteurs familiers des évangiles ne me contrediront pas, on a beau lire les évangiles régulièrement, une lecture attentive fait toujours ressortir un petit détail resté jusqu’alors dans l’ombre. Une des raisons tient au fait que les versions modernes réduisent les difficultés et aspérités du texte si bien qu’à quelques pages d’intervalle, il n’est pas possible de reconnaître deux expressions grecques identiques puisqu’elles peuvent être « lissées » au gré d’une traduction non littérale. Or dans le cas bien précis d’une synopse, la traduction littérale est un avantage.
Prenons un exemple précis. Aviez-vous jamais remarqué la différence de temps entre Matthieu 24.45 (κατέστησεν/a établi) et Luc 12.42 (καταστήσει/établira) ? Au passage, saviez-vous que la parabole en question n’est pas rapportée par Marc ? C’est typiquement ce genre de détail qui interpelle dès qu’on tient en mains une synopse. Ce n’est pas à dire qu’une traduction dynamique ne respectera pas la temporalité des verbes, mais plutôt que le détail n’est vraiment apparent que lorsque les récits sont placés en parallèle, et que la traduction colle au plus près au grec de part et d’autre.
Mais l’ouvrage de Deiss ne se contente pas de présenter les synoptiques en une série de 327 péricopes. L’évangile de Jean est également présent, sur plus d’une soixantaine de péricopes, avec en notes les liens avec les autres évangiles, les citations ou encore les variantes. Deux autres rubriques sont particulièrement appréciables : les introductions à chaque livre, et le vocabulaire.
1) Introductions
C’est d’une richesse insoupçonnée : auteur, destinataires, date et lieu de composition, composition littéraire (plan et dessein de l’auteur, répétition, inclusions, parallélismes, mots-agraphes, doublets, faits saillants propres à chaque auteur), portée doctrinale… Tout ce qu’on attend d’une introduction de bonne facture y est : le propos est clair, précis mais illustré, abondant sans être verbeux. Un excellent point d’entrée aux évangiles !
2) Vocabulaire
Il ne paie pas de mine, mais il est particulièrement bien soigné. Mots et thèmes importants sont définis et référencés. On peut se servir du Vocabulaire autant pour vérifier un sens, chercher les versets associés (mini-concordance), ou simplement parcourir les thèmes importants (table analytique).
En somme la Synopsede Deiss est un excellent outil de travail, que je recommande chaudement.
Pour rappel, Bible Parser 2015 vous indique bien évidemment les passages synoptiques :
Il vous est de plus possible de rechercher une péricope en saisissant un mot-clé.