11/04/2015

Logos Now

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Lancé il y a quelques jours, le nouveau produit proposé par Faithlife – l’éditeur du logiciel biblique Logos – est un abonnement. Timothée Minard en a déjà livré une présentation à laquelle je vous renvoie : « Logos Now » : vers un logiciel biblique par abonnement ? Le concept est le suivant : pour 8.99€ / mois (= 8.50€ / mois, car attention l’Euro est faible ces temps-ci ; soit environ 100€ / an), vous pouvez bénéficier de nouveautés qui apparaîtraient normalement lors de la prochaine version du logiciel (Logos 7). Par nouveautés, il faut comprendre fonctionnalités, et non spécifiquement contenu. Autrement dit vous avez accès en primeur aux derniers outils développés par la firme. L’offre comprend actuellement l’accès à : 2 bases de données (Old Testament Propositional Outlines Dataset et Greek Grammatical Constructions Dataset), 1 nouvel outil interactif (Commandments of the Law), des visuels et l’outil pour les parcourir (Logos Stock Images, vol. 2 avec le Media Browser), un outil de concordance (Concordance Tool), des gadgets à peu près inutiles (pour copier/coller du texte et du contenu sous forme visuelle enrichie : Visual Copy Templates, Author Slide Templates et Proclaim Starter Media), qui n’intéresseront qu’une catégorie de personnes que j’appellerais les « geeks du sermon », et enfin l’accès à Logos Web App.

  • Les constructions grammaticales grecques

C’est évidemment ce qui m’a paru le plus intéressant : il vous est possible, avec une facilité déconcertante, de repérer si un passage a été construit d’une manière idiomatique, par le biais d’une construction grammaticale spécifique, comme la règle de Colwell, la règle de Sharp, l’infinitif articulé, etc. Il y a 11 constructions : Granville Sharp’s First Rule, Colwell’s Rule, First Class Conditional Statements, Second Class Conditional Statements, Third Class Conditional Statements, Fourth Class Conditional Statements, Historical Present, Genitive Absolute, Asyndeton (Clause Level), Articular Infinitives, Emphatic Negation.

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L’accès se fait depuis une recherche simple, depuis le panel d’information, ou encore depuis le menu contextuel. Hélas, l’outil n’est pas encore parfaitement fiable : ainsi, je n’ai pas trouvé Philippiens 2.6 parmi les infinitifs articulés, ce qui, pour l’exégèse, est très fâcheux. C’est d’autant plus fâcheux qu’ils se sont fondés sur un ouvrage que je connais très bien, D. Burk, Articular Infinitives in the Greek of the New Testament : on the Exegetical Benefit of Grammatical Precision (2006), puisqu’il m’a servi de base fondamentale pour mon L’égalité avec Dieu en Philippiens 2.6 (2010). Or l’ouvrage de Burk traite bien de Philippiens 2.6 : pp. 24, 71-72, 74, 137-138, 146. Étrange. Se sont-ils focalisés sur la nature soi-disant anaphorique de l’article ? Il n’empêche… De même, l’outil peut induire en erreur si l’on n’est pas familiarisé avec les concepts manipulés (qu’un verset corresponde à une « règle », ou plutôt la construction proposée par la règle, ne signifie pas qu’il colle à la typologie de la règle ; ainsi Jean 1.1 et la règle de Colwell !). Dans tous les cas, l’outil est un facilitateur, mais il ne dispense en rien du recours aux grammaires, et au bon sens commun (cf. les manuels mentionnés dans la documentation de l’outil).

  • Outil de concordance

C’est à la limite du gadget, mais j’avoue que l’outil peut faire gagner du temps par certains côtés. Moins utile pour les versions bibliques, puisque Logos propose déjà une multitude d’outils, il sera intéressant pour les commentaires exégétiques fouillés qui contiennent des mots en grec ou en hébreu, des translitérations, etc. : avec Concordance Tool, c’est un jeu d’enfant d’explorer ce type de référence.

  • Aperçu des propositions de l’Ancien Testament

Encore moins utile que la précédente base, il s’agit ici de mettre en évidence la structure d’un verset, en définissant son objet : caractérisation, expansion, suggestion, etc.. C’est un peu jargonnant, mais enfin cela a le mérite d’arrêter le lecteur, et l’inciter à être plus attentif. Notez que l’outil est loin d’être complet : il contient pour l’instant Genèse à Nombres, Ruth, Esther, Abdias et Jonas pour l’AT. Le NT avait été implémenté à l’occasion de Logos 6.

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  • Explorateur de médias

L’outil est intéressant, mais il est regrettable qu’il ne soit pas lié aux versets. Je n’ai pas trouvé mention du nombre de visuels dans la présentation officielle : cela dit, l’outil a l’air très riche (les Logos Stock Images sont au nombre de 1284, tandis que l’outil chez moi propose un total de 16 686 visuels). De nombreux documents proposent par ailleurs des liens vers de courtes vidéos en ligne tout à fait intéressantes (type « panorama »).

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  • Logos Web App

Le site Biblia fonctionne déjà très bien, et donne accès à une grande partie de la bibliothèque de Logos. Mais il s’agit d’un site Internet, et non d’une web app. Avec l’abonnement, et c’est certainement le seul intérêt de Logos Now, il est (sera) possible d’accéder à la version Web de Logos. Autrement dit, Faithlife est en train de développer une application purement web, avec l’ensemble des fonctionnalités (Passage Guide, Exegetical Guide, Factobook, etc.). C’est une excellente nouvelle. Quand on sait combien l’installation de Logos est longue, combien son démarrage est long, combien son indexation est longue, combien l’ajout d’une nouvelle ressource est long, on n’a qu’une seule envie : un accès en ligne du logiciel, pour éviter les problèmes d’installation, de mises à jour et d’indexation. C’est la promesse de Logos Now. Mais le travail est monumental… et pour le moment il n’a rien de plus à proposer que Biblia. On remarque cependant que l’interface colle à celle du logiciel, et, ne le cachons pas, fait saliver !!!

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Moralité : Logos Now n’est pas vraiment un service, ni un produit, c’est plutôt une souscription (et une promesse). En souscrivant, vous participez au financement de l’outil. Cela n’a rien de choquant, car c’est une pratique courante dans l’édition. Mais convenons qu’il est difficile d’ouvrir le portefeuille quand il n’y a rien, ou pas grand-chose, en face… Il faut espérer que l’abonnement évoluera significativement, sous peine de ne pas susciter beaucoup de vocations. Et pourtant les outils ne sont pas sans intérêt, seulement c’est bien trop cher pour ce que c’est. Le premier mois étant gratuit, vous pouvez d’ores et déjà vous faire une idée. Et si vous avez l’âme d’un mécène… allez-y !