04/07/2013

Sémitisme et génitif de qualité

Mon post sur Hébreux 1.3 est l’occasion de rappeler que l’on rencontre parfois en grec biblique des tournures qui, bien qu’elles aient existé en grec classique, ne peuvent s’expliquer – du fait de leur fréquence notamment – sans l’influence déterminante de la Septante. On trouve en effet en grec (comme en latin) un génitif dit attributif, ou génitif de qualité. Pour l’identifier, il faut se demander s’il est possible de convertir un nom présent au génitif en adjectif attributif.

Par exemple, montagne de ma sainteté = montagne sainte. (cf. הַר־קָדְשִׁי TM = LXX τοῦ ὂρους τοῦ ἁγίου μου).

Voici quelques exemples (cf. Abel §44 e – Joüon §129, Touzard : 417, ESNT : 86 sq, Robertson : 496, Zerwick §29-30, BDF §165) :

Luc 18.6 : ὁ κριτὴς τῆς ἀδικίας , juge d’iniquité  = juge inique

Matthieu 19.28 : θρόνου δόξης αὐτοῦ, trône de sa gloire = son trône glorieux

Romains 6.6 : τὸ σῶμα τῆς ἁμαρτίας, le corps du péché = le corps pécheur

Hébreux 1.3 : τῷ ρήματι τῆς δυνάμεως αὐτοῦ, par la parole de sa puissance = par sa puissante parole

Hébreux 7.2 : βασιλεὺς δικαιοσύνης, roi de justice = roi juste, βασιλεὺς εἰρήνης  roi de paix = roi pacifique

Dans le Nouveau Testament, on peut à bon droit qualifier ces instances de sémitismes (cf.  MHT III : 213).