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Les deux volumes de Charles Wessely, tirés de la Patrologia Orientalis, présentaient à leur époque (1906 et 1924) les plus anciens témoignages papyrologiques intéressant le christianisme ancien. On y trouve un grande variétés de documents : lettres chrétiennes, fragments d’évangiles canoniques, logia du Christ, adjurations magiques… C’est extrêmement intéressant. Les volumes existaient déjà, séparément, en divers endroits sur Internet, et étaient disponibles depuis longtemps dans Bible Parser (DVD 5). Je propose ici une version unique des deux volumes, indexée.
Outre l’intérêt historique de ces écrits, on remarque çà et là, si on est attentif, des points dignes d’intérêt :
– ainsi, l’usage des nomina sacra au IVe siècle encore témoigne d’une distinction entre les termes sacrés, abrégés (κύριος, si c’est le Seigneur Dieu) , ou profanes, écrits in plene (tout autre seigneur humain). Par ex., p.394 (cf. p.101) le P. Oxy. 12, 1495 (« Lettre Nilos à Apollonios ») : l.1 Κυρίω ἀδελφῷ Ἀπολλωνίῳ, Nilus salue son frère, le seigneur Apollonius. Mais un peu plus loin l.5-6 : …παρὰ τῷ κ(υρί)ῶ θ(ε)ῷ, d’auprès du Seigneur Dieu. Sur ce point, cf. Charlesworth 2006. Mais l’humain restant faillible, on ne peut pas parler de pratique parfaitement cohérente, cf. Haines-Eitzen 2000. A titre d’exemple, cf. le §19 p.191 ou θεε n’est pas abrégé.
– s’il est d’usage d’écrire les nomina sacra en les faisant précéder et suivre d’espaces plus grands que d’ordinaire, dans certains cas ces espaces semblent délibérément agrandis (p.401).
– l’usage du vocable Ιαω, tentative de vocalisation grecque du nom divin Yahou (qui est peut-être une « aramaïsation » du tétragramme) reste fréquent, même encore aux Ve – VIe s. (ex. p.187, 403, 423) – aux côtés bien sûr des habituels Sabaoth, Adonaï, Michael, ou Abrasax (valeur numérique = 365). On remarque un certain jeu avec les voyelles et les symboles, qu’ils soient simples (A Ω), ou plus élaborés (ΙΧΘΥΣ).
– p.174 une curieuse particularité est relevée, sans être expliquée : dans le P. Vindob. G. 2325 (édition dans Bernhard, Hill, Kraus ou Ehrman-Plese) appelé aussi Fragment du Fayoum, le nomen sacrum pour Pierre (ΠΕΤ) est écrit en rouge, et surmonté de deux points. L’usage des points à proximité d’un terme à mettre en évidence n’est pas sans rappeler le P266b (cf. Fontaine 2012 : 7, Tov 2008 : 288)… Un indice pour l’origine des nomina sacra ?