Quelle surprise de découvrir chez Diogène Laërce (Διογένης Λαέρτιος, IIIe s. ap. J.-C.), dans sa Vie de Platon (Les Belles Lettres, 2002, par. 65-66, p.55) une mention de la critique textuelle des manuscrits de Platon. Les signes (σημεια) utilisés étaient les suivants :
– Chi : langage, usage platonicien
– Diplè (>) : dogmes propres
– Diplè pointé : corrections de certains éditeurs
– Croix pointée : passages sélectionnés, beautés d’expressions
– Antisigma pointé : répétitions ou déplacements de textes
– Obèle : condamnations sans raison
– Keraunion (T) : école philosophique
– Astérisque : accord dans les doctrines
Ceci rappelle, s’il le fallait, que tous les auteurs grecs importants (les Homère, les Platon…) étaient édités dans le sens quasi moderne du terme, puis amplement lus et commentés. L’édition ne se bornait pas à la copie, mais à l’appréciation des manuscrits existants, leur comparaison, leur critique, et leur annotation (à la manière de nos apparats critiques). Sur ces points (lecture et édition dans le monde antique) voir par exemple H. Gamble, R. Bagnall, C.H.Roberts et T.C. Skeat, Bouquiaux-Simon, Woolf et al., Irigoin (et ici), B. Metzger, F.Kenyon, ou C.Salles. Voir aussi sur areopage.net la bibliographie consacrée à la papyrologie/paléographie. Les Alexandrins étaient bien connus dans l’art des σημεια pour les auteurs classiques de la littérature grecque. Côté chrétien, le plus illustre est un certain Origène…