ὃς ὢν ἀπαύγασμα τῆς δόξης καὶ χαρακτὴρ τῆς ὑποστάσεως αὐτοῦ φέρων τε τὰ πάντα τῷ ρήματι τῆς δυνάμεως αὐτοῦ καθαρισμὸν τῶν ἁμαρτιῶν ποιησάμενος ἐκάθισεν ἐν δεξιᾷ τῆς μεγαλωσύνης ἐν ὑψηλοῖς,
lequel, étant le reflet de sa gloire et l’empreinte de son être, soutient toutes choses par la parole de sa puissance ; après avoir fait une purification des péchés, il s’est assis à la droite de la Majesté dans les hauteurs
Ce verset est d’une rare densité : il concentre des difficultés linguistiques, textuelles, et exégétiques. D’abord, il faut déterminer le sens de ἀπαύγασμα, χαρακτὴρ, ou ὑποστάσεως. Ensuite, appréhender les variantes assez nombreuses (τῆς δυνάμεως αὐτοῦ, καθαρισμὸν | τῆς δυνάμεως, δι’ ἑαυτοῦ καθαρισμὸν | τῆς δυνάμεως αὐτοῦ, δι’ ἑαυτοῦ (ou αὐτοῦ ou αὑτοῦ) | τῶν ἁμαρτιῶν ποιησάμενος | ποιησάμενος τῶν ἁμαρτιῶν ἡμῶν | φανερω, φερον). Enfin, établir une exégèse tenant compte de la christologie qui est présentée ici, en relevant l’intertextualité (ex. Psaume 110.1), en établissant les parallèles évidents (sur Christ « image de Dieu » : 2 Corinthiens 4.4, Colossiens 1.15, sur la citation ou l’allusion au Psaume 110 : Matthieu 22.44, Marc 16.19, Actes 2.34, Éphésiens 1.20) ou encore en comparant avec le reste des indications parcourant l’épître (Hébreux 8.1, 10.12, 12.2). On peut aussi à loisir relever le sémitisme τῷ ρήματι τῆς δυνάμεως αὐτοῦ, par la parole de sa puissance, autrement dit par sa puissante parole (cf. Sémitisme et génitif de qualité) ou l’euphémisme masquant l’emploi du nom divin : τῆς μεγαλωσύνης ἐν ὑψηλοῖς pour יהוה.
On ne s’intéressera ici qu’à un seul point. Le codex Vaticanus (B03) porte, seul parmi tous les témoins du texte, la leçon φανερων, ce qui donnerait : manifestant (ou révélant) toutes choses par la parole de sa puissance. Cette leçon, manifestement fautive, a été corrigée par une seconde main, puis a été restituée par une troisième main. Et c’est à cette occasion qu’à été faite cette complainte célèbre en critique textuelle : αμαθεστατε και κακε, αφες τον παλαιον, μη μεταποιει, nigaud et filou ! laisse ce qui est écrit (l’ancien), ne le change pas ! Cf. Metzger, The Text of the New Testament, 1992, pp.195-196.
Cette variante fait dire à P.W. Comfort : « the original scribe (…) may have considered the concept of divine manifestation to be more palatable than divine sustaining – especially in light of the previous verse, which says that Jesus is the radiance of God’s glory and express image of God’s character. The first corrector deleted the letters αν. But another corrector (in the 13th century) changed it back to φανερων and then wrote a word of rebuke in the margin to the previous corrector » (P.W. Comfort, New Testament Text and Translation Commentary, 2008, pp.693-694).
Le fait qu’elle soit absolument isolée, et facilement explicable, explique qu’elle ne soit pas retenue, ni connue : elle est absente de Metzger, Textual Commentary, du copieux apparat de Tischendorf, ou de l’apparat de l’UBS4. En revanche, elle figure dans l’apparat du NA27, et dans les bons commentaires (ex. Spicq, L’épître aux Hébreux, Paris, J. Gabalda et Cie, 1952 : tome I, p.417). Je ne l’ai pas trouvée dans les notes des Bibles d’étude.