Chat GPT d’Open AI est un outil conversationnel fondé sur l’intelligence artificielle et les Big Data. Son objectif de répondre aux questions, sur une large variété de sujets. Et quand on dit « large variété », il faut le prendre au pied de la lettre : recettes de cuisine, poésie, programmation informatique, traduction, économie, histoire profane ou religieuse… On a d’emblée le tournis. Qu’on aime ou non ce qui est en train de se passer depuis ces dernières années autour de l’intelligence artificielle et de l’utilisation massive des données, la marche semble irrépressible. Ces outils supprimeront massivement des emplois au nom de la (nauséabonde) doctrine de « destruction créatrice ». En l’occurrence l’outil Chat GPT, dont on parle beaucoup en ce moment, et à juste titre, est un modèle de conversation qui génère du texte en langage naturel en se fondant sur des données préalablement ingurgitées (jusqu’en 2021). Ce qui rend cet outil aussi impressionnant, et peut-être même « disruptif », c’est 1/ qu’il donne l’impression de comprendre les questions, et 2/ qu’il formule des réponses efficaces, assez concises, et qui sont souvent exactes.
Comme l’outil est capable, dans une certaine mesure, de tenir compte du contexte récent pour développer ses réponses (quelques milliers de mots ou tokens), on peut se demander s’il est possible d’influencer ou d’orienter les réponses, autrement dit de le « manipuler ». Car l’intelligence, c’est aussi l’esprit critique au-delà des sommes d’informations, n’est-ce pas ? Mes premiers essais en ce sont ne sont pas très concluants. Ce qui est certain, c’est que l’outil n’a évidemment pas de distance critique sur la quantité faramineuse d’informations qu’il a ingurgitée. Ces informations sont considérées comme normatives et fiables, et c’est en en extrayant la substantifique moelle qu’il produit chez l’humain « l’effet wow ». C’est déjà beaucoup, reconnaissons-le. Mais c’est comme converser avec un individu… borné, littéralement.
Ceci étant dit, ce genre de modèle de langage capable de formuler des énoncés intelligibles en réponse à des questions complexes est tout simplement impressionnant. Google a raison de s’en alarmer, et son concurrent Microsoft (pour son moteur Bing) songe déjà à intégrer l’outil pour la recherche sur le web. Pour les développeurs, une API est disponible. En bref, les choses évoluent vite, et au vu des milliards de capitalisation de la start-up (29 semble-t-il), et de son potentiel chiffre d’affaire (puisqu’il ne s’agit pas de non-profit comme vous l’aurez subodoré) pour 2024 (estimé à 1 milliard pour l’instant), il est certain que nous entendrons encore parler longtemps de ces sujets, et que l’outil pourrait bien, réellement, devenir disruptif, c’est-à-dire changer la donne : pour la recherche d’information, mais bien au-delà : pour la programmation, les hotlines, le marketing, et bien d’autres domaines. Ce qui est à la fois excitant et très effrayant. Et dans ces cas deux attitudes sont possibles : regimber et disparaître, ou accepter et tirer son épingle du jeu… Je ne suis pas assez optimiste pour envisager d’autres perspectives…
J’ai essayé l’outil en ligne et via l’application iOS. La consultation en ligne est gratuite après inscription, et l’app propose un essai gratuit de 3 jours, puis un système d’abonnement assez onéreux (9.99€/semaine, 17.99€ ou 22.99€/mois, 34.99€ ou 59.99€/an). Mes premières observations en vrac sont les suivantes : les réponses sont souvent pertinentes et synthétisent « l’état de l’art » sur une question donnée. Ces réponses ne sont toutefois pas toujours exactes, et si l’outil site parfois ses sources (INSEE, ANSM, EMA…), ce n’est pas toujours le cas. Ce qui est très intriguant, c’est que les réponses aux mêmes questions varient quelque peu d’un moment à l’autre. Les réponses peuvent être aussi carrément fausses. Ou discutables. C’est le sel des interactions avec ce type d’outils. Voyons quelques exemples…
A. Soyons chauvins et commençons par le sens du terme ἁρπαγμός…
Réponse impressionnante, rien à dire…
Reposée un peu plus tard sur iOS, voici le nouveau résultat :
Toujours très intéressant, et pertinent !
A la question du sens de ἁρπαγμός dans le contexte de Philippiens 2.6, ça se gâte un peu…
Sur iOS (en premier lieu) :
puis en ligne :
Les réponses ne sont pas dénuées d’intérêt… sans être tout à fait exactes. En tout cas l’outil est capable d’extraire un contexte (l’humilité) dans un passage qui ne mentionne pas le mot explicitement. Donc même si ἁρπαγμός ne peut pas se traduire par « humilité », le sens global véhiculé par le verset en question, et son contexte, est bien celui-ci. Wow…
B. Bible Parser et le nom divin
J’ai interrogé l’outil sur les meilleurs logiciels bibliques du marché, et autres questions connexes. Je vous laisse faire vos propres expérimentations. A la question du concepteur de Bible Parser, la réponse a été étonnante…
La réponse est fausse, et assez étonnante. Je ne vois pas très bien comment les données en ligne ont pu aboutir à cette réponse (qui a changé depuis)… En réfutant la réponse, l’outil embraie sur une autre réponse, mais qui est déjà 1/ déconnectée du contexte précédant, et 2/ doublement inexacte. En tout cas l’outil allègue utiliser Wikipédia, mais quand on lui demande ce qu’il en pense, c’est également édifiant…
Un autre réponse très étonnante concerne le nom divin dans les premières copies du NT. On se demande où l’IA tire ses informations qui me conviennent mais qui sont peu orthodoxes !
C. Questions actualité
Il est difficile de résister aux questions d’actualité, et c’est avec diverses questions sur les gilets jaunes, les médias, la politique, le cinéma, le folklore, qu’on peut évaluer le biais de conformité de ce modèle de langage…
D. L’IA est-elle complosophiste (au sens d’A. Haupt) ?
A défaut de pouvoir se servir, à mon niveau, de ce Chat GPT comme d’un outil de tous les jours pour obtenir des informations vraiment fiables – ce qui pourrait arriver un jour, qui sait – il est toujours loisible de s’en servir pour s’en amuser, ou prendre la température du discours ambiant.
Étonnamment, l’IA s’en sort pas si mal, bien qu’il y aurait beaucoup à dire et à débattre.
On pourrait dire qu’elle s’en sort en bon élève, très sage et très comme il faut.
E. Les sujets sanitaires…
Chat GPT vous recommande généralement d’aller voir un médecin ou un spécialiste, et de faire confiance aux autorités sanitaires. Il a une confiance inébranlable dans les autorités de régulation, même s’il est bien informé des scandales sanitaires. L’outil est donc, là-encore, très sage, et ne devrait pas produire trop de contenus offensants… Cependant il peut donner des informations utiles si on lui pose les bonnes questions.
Un premier exemple sur les conflits d’intérêts :
Selon la formulation de la question, Chat GPT peut lui-même introduire un texte de loi pour étayer son propos. Mais il ne le fait pas toujours et à moins de gratter, les réponses peuvent être très insatisfaisantes quand l’outil est aussi capable de faire des étincelles. Moralité il faut le bousculer un peu…
Plus intéressant encore, à la question « faut-il réintégrer les soignants suspendus ? », Chat GPT fait preuve de bien plus d’humanité que les politiciens et me(r)dias français.
La réponse est consensuelle et se fonde sur un présupposé inexact (la sécurité des patients n’est pas en cause car le sujet est politique ; cette sécurité ne serait pas mise en cause par des soignants non vaccinés pour les simples et bonnes raisons que 1/ la majorité des soignants dits vaccinés ont un schéma vaccinal incomplet [leur « vaccination » est devenue totalement obsolète au bout de deux ou trois mois], 2/ ces praticiens ont été « vaccinés » avec un produit expérimental ne protégeant pas de la transmission de l’aveu même des labos, et 3/ ils viennent de toute façon travailler, sur ordre hiérarchique, quand ils sont infectés par la Covid et pas trop mal en point). Elle est cependant bien plus « humaine » que tout ce qu’on peut souvent lire ou entendre…
Enfin, et j’arrêterai là les exemples sur le sujet, mais je vous invite grandement à faire vos propres expérimentations, il est notoire que l’outil n’informe pas véritablement toutes ses réponses de ses connaissances, mais qu’il est programmé, ou du moins orienté, pour traité l’information d’une certaine manière (assez « scolaire »). On le perçoit quand on traite les scandales sanitaires ou financiers des labos. Ils sont connus mais ne remettent pas en cause toute la matrice, qui doit rester l’environnement sécurisant où la confiance règne et jamais rien de méchant n’arrive…
Bon, j’ignore si l’outil est schizophrène mais si vous lui demandez s’il convient de faire confiance à Pfizer au vu de son passif judiciaire, il vous dit non ! Cocasse. Ce qui n’entamera pas sa « confiance » inébranlable en la science : « Trust the science… » est le nouveau crédo, en quelque sorte. Et Pfizer, à ses dires, va « à la vitesse de la science » c’est-à-dire qu’il faut lui faire confiance, sinon vous êtes complotiste (un synonyme de terroriste dans certains pays), mais que, comme les données de la science évoluent, la science peut elle-même évoluer. Trust the moving science…
Dans ce fatras il est tout de même amusant de constater que l’outil ne capitalise que de manière naïve sur les informations gigantesques dont il dispose. Une véritable « intelligence artificielle » serait capable d’avoir une distance critique vis-à-vis des sources de données – c’est d’ailleurs ce dont on attendait des jeunes élèves et du système scolaire jadis…
F. Quelques pensées bibliques
On peut discuter de tout avec Chat GPT et c’est ce qui est véritablement bluffant. Y compris de sujets bibliques, plus ou moins pointus.
Il faut souligner que les réponses (y compris chiffrées) varient d’un jour sur l’autre, mais dans l’ensemble l’outil s’en sort bien.
Il a simplement l’air de se fonder sur une traduction anglaise retraduite en français…
On peut même lui demander son avis, de manière générale :
Ce peut être encore plus technique, et c’est là où vous commencez à comprendre les sueurs froides de Google :
Il y a toujours matière à pinailler et à débattre, bien évidemment, mais ce type de réponses me semble aller dans la bonne direction : être capable d’extirper une information d’une somme de textes pour répondre à une question précise. C’est le principal fonds de commerce faramineux de Google… et l’IA semble bien capable de bousculer sévèrement tout cela !
En résumé
Chat GPT fournit des réponses bluffantes sur un nombre invraisemblable de sujets. Il peut se contredire ou formuler avec un aplomb de marbre des énormités sans nom, mais globalement sur des sujets non sensibles et factuels c’est absolument remarquable et même renversant. Ce qui rend l’outil aussi efficace semble cette capacité à comprendre l’énoncé, et produire une synthèse de type scolaire qui peut être une base de départ. A surveiller de près !
J’ai le plaisir de vous annoncer la parution de l’ouvrage de F. Arduini et al., Il Dio della Bibbia (Land University Press, 2022). Cet ouvrage collectif, en italien, s’articule autour de l’analyse détaillée de quelques textes clés qui concernent l’identité de Dieu et de son Fils, et je suis honoré d’avoir été de la partie, pour la chapitre 9 sur Phi 2.6.
In un contesto socioculturale come il nostro, dove l’inclusione e la pluralità di idee e approcci non sono più fattori trascurabili, sottolineare letture esegetiche che si discostano da quello che è il consensus accademico è un dovere che gli autori di questo libro sentono in maniera particolare.
Chi è il Dio della Bibbia?
è una domanda a cui gli autori rispondono con un’attenta analisi del testo, aiutando il lettore a identificare e a distinguere in maniera chiara le figure divine del Padre e del Figlio.
Con competenza e scrupolosità, verranno analizzati i principali versetti biblici, che fanno luce sulla questione ontologica e ipostatica tra Padre e Figlio, aiutando il lettore a comprendere al meglio lo shemà Israel e quindi l’unicità di Dio.
Pour ceux qui ne maîtriseraient pas la langue de Dante, il est question d’interroger le consensus autour de l’identité du Dieu de la Bible, par un réexamen des textes les plus emblématiques qui renseignent sur les figures du Père et du Fils. A cet égard, il n’est pas anodin que le Shema Israel (Dt 6.4) soit plus que jamais présent dans le NT (ex. Mr 12.29, Mt 22.37, Lc 10.27, Jn 17.3, 1Co 8.4-6, Rom 16.27, Eph 4.6, Jc 2.19, 1Ti 2.5, Jud 1.25, Rev 15.4 ; cf. pp.116-125). C’est l’indication évidente que le christianisme a sans difficulté repris cette profession – ou plutôt ce commandement à professer un Dieu unique – à son compte. Jésus l’a rappelé clairement, en lui donnant d’ailleurs la primauté (Mr 12.29).
Dans cette perspective, et sous la houlette compétente de Francesco Arduini – qui a initié ce projet en septembre 2020 – ce sont donc 10 auteurs de 6 pays qui ce sont attelés à la tâche de réexaminer les textes, et même de les passer au crible : Francesco Arduini et Felice Buon Spirito (Italie), Simone Frattini (Suisse), Pavlos Vasileiadis (Grèce), Dan-Åke Mattsson, Roman Montero, Alex Gonzalez (Norvège), William Kelly (États-Unis), Gérard Gertoux et Didier Fontaine [désolé pour la 3e personne…] (France) [voir pp.3-5 pour une liste des contributeurs et un résumé de leurs parcours et compétences]. La préface est due à Hal Flemings, et la postface à Steno Sari. L’ouvrage est dédicacé à la mémoire du regretté Stefano Pizzorni, qui avait rejoint l’équipe pour un chapitre sur Rev 3.14 mais qui est hélas décédé au tout début de ce projet. C’était un personnage intelligent et haut en couleurs, que j’ai eu l’honneur de rencontrer en 2009 car il s’était occupé de la traduction de mon ouvrage sur le Nom en italien, avec son épouse. Je l’ai malheureusement peu connu et j’espère que ce travail collectif honorera sa mémoire.
Voici les matières abordées, chapitre par chapitre :
- Exode 3.13,14 – Quel est son Nom ? – pp.15-44, Exo 3.13, Exo 3.14 – Gérard Gertoux – it. Esodo 3:13,14 – Qual è il suo noma ?
- Exode 3.14, 15 – Réexamen de la réponse de Dieu à Moïse sur l’Horeb – pp.45-100, Exo 3.14, Exo 3.15 – Pavlos Vasileiadis – it. Esodo 3:14,15 – Riesame della riposta di Dio a Mosè sull’Horeb
- Deutéronome 6.4 – Shemà Israel – pp.101-126, Dt 6.4 – Simone Frattini – it. Deuteronomio 6:4 – Shemà Israel
- Proverbes 8.22-31 – Quoi, Quand et Qui – pp.127-148, Pro 8:22, Pro 8:23, Pro 8:24, Pro 8:25, Pro 8:26, Pro 8:27, Pro 8:28, Pro 8:29, Pro 8:30, Pro 8:31, Pro 8:32 – Dan-Åke Mattsson– it. Proverbi 8:22-31 – Cosa, Quando et Chi
- Zacharie 12.10 – Ils regarderont vers « moi » ? – pp.149-170, Zec 12.10 – Dan-Åke Mattsson– it. Zaccaria 12:10 – Guarderanno a « me » ?
- Jean 1.1 – Et la Parole était Dieu ? – pp.171-214, Jn 1.1 – Roman Montero – it. Giovanni 1:1 – La Parola era Dio ?
- Jean 10.30,38 – Moi et le Père nous sommes un – pp.215-224, Jn 10.30, Jn 10.38 – Felice Buon Spirito – it. Giovanni 10:30,38 – Io et il Padre siamo uno
- Romains 9.5 – Dieu, qui est au-dessus de tout – pp.225-258, Rom 9.5 – William Kelly – it. Romani 9:5 – Dio, che è sopra tutte le cose
- Philippiens 2.6 – L’égalité avec Dieu – pp.259-350, Phi 2.6 – Didier Fontaine – it. Filippesi 2:6 – Uguaglianza con Dio
- Colossiens 1.15-20 – L’image du Dieu invisible – pp.351-386, Col 1:15, Col 1:16, Col 1:17, Col 1:18, Col 1:19, Col 1:20 – Roman Montero – it. Colossesi 1:15-20 – Immagine del Dio invisibile
- Hébreux 1.8 – Vocatif ou nominatif ? – pp.387-416, Heb 1.8 – Alex Gonzalez – it. Ebrei 1:8 – Vocativo o nominativo ?
La liste des contributeurs est située en pp.3-5, la préface (Hal Flemings) en pp.7-8, l’introduction (Francesco Arduini), en pp.9-14, la conclusion (Francesco Arduini), en pp.413-416, la postface (Steno Sari) en pp.417-418, la bibliographie en pp.419-442, puis viennent les abréviations pp.443-448, les remerciements p.449, et enfin la table des matières pp.451-452.
C’est ce projet italien qui a initié le vaste chantier qu’a été pour moi le réexamen de Phi 2.6 (9 mois d’intense travail avec plus de 650 ouvrages et études consultés !). Le chapitre 9 auquel j’ai contribué reprend pour l’essentiel le chapitre 2 de mon ouvrage paru en début d’année 2022, ainsi que les éléments d’introduction, de conclusion et quelques éléments de contexte dans les notes. Cette contribution est donc purement linguistique, et pour se faire une idée exacte de l’hymne christologique, j’invite bien entendu les lecteurs à se reporter à l’ouvrage complet, et ce notamment pour le contexte historique, et la synthèse d’ordre théologique. Je profite de l’occasion pour dire un grand merci à Francesco Arduini, sans lequel ni le chapitre, ni l’ouvrage complet n’existeraient : Grazie Francesco !
Avec ces indications, vous savez à peu près tout ce qu’il faut savoir pour vous donner envie de lire l’ouvrage italien…
… et s’il faut encore quelque argument, une série de vidéos dirigées par F. Arduini sont en cours de préparation. Deux sont déjà disponibles, celles de R. Montero et de moi-même.
- Roman Montero
- Didier Fontaine (vous remarquerez pour l’occasion combien je suis fluent en Frenglish)
Ici seront ajoutées les vidéos suivantes.
Il ne vous reste plus qu’à vous procurer l’ouvrage (pour une somme tout à fait modique, comme vous le verrez) et vous plonger dans sa passionnante lecture : Tolle, lege !
Quelle joie. Quelle joie de tenir enfin ce volume dans les mains. Je l’attendais depuis longtemps. Il est désormais disponible : Richard E. Pigeon, Dictionnaire de l’Ancien Testament (Bible et Publications Chrétiennes, Valence 2021).
Cet ouvrage comporte environ 11500 entrées en français, correspondant aux mots utilisés par les principales traductions de la Bible du monde francophone. En partant du mot français, il est possible d’accéder au mot hébreu ou araméen qu’il traduit, à sa translittération, à son étymologie et à sa signification. Ce Dictionnaire comprend également un lexique hébreu-français avec le code Strong.
Au total, 8600 mots hébreux et araméens sont référencés, notamment tous les noms de personnes et de lieux. Pour chaque mot, un grand nombre de références bibliques sont données dans leur contexte. Cet instrument de consultation et de travail peut donc aussi servir de concordance pour la très vaste majorité des termes de l’Ancien Testament. [1008 pages]
Sur le même modèle que son compagnon paru en 2008 (le Dictionnaire du Nouveau Testament, que j’avais présenté sur ce blog), ce Dictionnaire est scindé en deux parties : la première et principale consiste en un dictionnaire français – hébreu recensant la plupart des sens rencontrés dans l’Ancien Testament, avec des indications de type sémantique et encyclopédique, tandis que la seconde partie recense l’ensemble des vocables hébreux de l’AT avec l’entrée correspondante. C’est une traduction et adaptation de l’ouvrage du même auteur paru en anglais, AMG’s Comprehensive Dictionary of Old Testament Terms (2017), lui-même étroitement tiré (et adapté) de Baker, The Complete WordStudy Dictionary of Old Testament (2003). Ce qu’on peut dire de cette proximité est qu’elle est étroite, mais que la version française, autant sur la forme (plus élégante et plus maniable) que sur le fond (définitions révisées, souvent légèrement plus succinctes), gagne très largement au change.
(1) Dictionnaire des mots de l’Ancien Testament
(2) Lexique hébreu – français
Il y aurait sans doute beaucoup à dire sur la méthode. On se demande à quel point la partie sémantique, lexicographique, a été creusée. L’ouvrage ne se présente pas comme un dictionnaire d’hébreu biblique, mais un dictionnaire « des mots » de l’Ancien Testament (voir p.9), en partant de traductions françaises (Darby, Louis Segond 1910, Nouvelle Édition de Genève, Segond 21, Bible du Semeur). L’ouvrage renseigne donc moins sur le sens prototypique d’un mot que sur ses sens contextuels, à travers le prisme de différentes traductions françaises. Il faut être conscient de cette méthode pour comprendre l’intérêt et les limites de l’ouvrage. En ce sens, il ne saurait remplacer un outil plus académique tel que le SDBH, mais il est beaucoup plus riche en informations « pratico-pratiques » – et surtout bien plus intéressant à parcourir et méditer !
Ses emplois pourront ainsi aller de la concordance à l’étude d’un concept, en passant par la (mini) encyclopédie, ou l’identification d’un personnage. De fait, il s’agit d’un outil de référence fort précieux dont on ne peut que souhaiter (ardemment) l’intégration à Logos, avec son acolyte pour le grec. Et puisque le souhait est un désir [voir p. 794 puis 237-238 !]… rêvons aussi, pourquoi pas, de sa mise en ligne par l’éditeur, comme pour le précédent volume… En tout cas, un grand bravo et merci à son auteur pour son dévouement : ce Dictionnaire est le fruit d’un travail titanesque tout à fait remarquable !
Les miracles arrivent. Je vous ai présenté en détails, dans un précédent billet, cette excellente grammaire : von Siebenthal, Ancient Greek for the Study of the New Testament (Peter Lang, 2019). Voici que l’éditeur la rend gratuitement disponible en ligne sous forme de PDF, ePub ou MOBI !
Le document PDF est particulièrement utile dans la mesure où le format est textuel – les recherches y sont donc possibles – et le contenu des différentes rubriques, indexé par un système de signets. Pour ceux qui utilisent Bible Parser Web App, la nouvelle est encore plus réjouissante car l’index scripturaire de cet ouvrage – et de bien d’autres – y est indexé et permet donc un accès rapide et pertinent.
Cet ouvrage complète par ailleurs la Bibliothèque de Bible Parser (1176 titres), sous différents mots-clés.
Le Dictionnaire Grec-Français d’Anatole Bailly, dit Grand Bailly, est désormais disponible au sein du logiciel biblique Logos ! Il ne s’agit pas de la version mise en ligne en 2020 par un collectif de professeurs (et qui est disponible sur Eulexis, l’app Bailly ou Logeion), mais d’une version entièrement distincte fondée la onzième édition (1935).
Qui dit intégration à Logos dit… un effet « wow ». Toutes les abréviations plus ou moins absconses prennent vie, et mieux, si vous possédez les bases citées, l’accès aux textes est un jeu d’enfant, par clic ou par survol.
Il est possible de chercher un mot depuis l’outil lui-même, en BetaCode ou Unicode, et dans ce cas l’outil propose un ensemble de suggestions.
La recherche est aussi possible depuis l’encart général :
Et bien entendu, le dictionnaire est interrogé lors d’une Étude de Mot…
… et c’est là où l’on peut émettre le seul regret : il n’y a pas de définition courte (contrairement à la plupart des autres lexiques anglophones, ex. ici le GE). Il faut survoler l’abréviation DGF, ou cliquer dessus, pour accéder au contenu.
Vous aurez remarqué que dans mon édition de Logos, il y a deux abréviations : DGF et Grand Bailly.
C’est que j’avais intégré en tant que Livre personnel le Grand Bailly, en attendant son édition officielle… Bien sûr, il n’y a pas cet « effet wow »… mais l’intégration à Logos est parfaite, et l’édition est celle de 2020. Pour ceux qui ne pourraient pas se permettre de payer à $65 (soit environ 58€ !) l’accès à un outil par ailleurs disponible en ligne, même s’il est sublimé dans Logos, je conseille ma page Logos 9 : Bibliothèque de Modules Libres.
Pour en savoir plus sur le Bailly dans Logos : F. Rouvinez – L’édition Logos du Grand Bailly : une œuvre fantastique maintenant encore meilleure.
Prochaine étape très excitante : l’intégration du Sander & Trenel. J’ai grand hâte !!!
« Dieu » ou « comme Dieu » ? Enquête philologique sur ἁρπαγμός en Philippiens 2.6 (Fontaine, 2022)
J’ai le plaisir de vous annoncer la parution, aux éditions l’Harmattan, de mon dernier ouvrage : Didier Fontaine, « Dieu » ou « comme Dieu » ? Enquête philologique sur ἁρπαγμός en Philippiens 2.6 (L’Harmattan, 2022).
Dès les premiers temps de l’Église, les chrétiens l’avaient remarqué : les écrits de l’apôtre Paul contiennent « des choses difficiles à comprendre » dont on peut « tordre le sens » (2 Pierre 3.15-16). L’hymne christologique de Philippiens 2.6-11 est de ces passages. Trop souvent interprété à la lumière des Pères de l’Église des IVe et Ve siècles, lesquels étaient enlisés dans des controverses et arguties doctrinales, son sens paraît plus limpide lorsqu’il est remis dans son contexte historique : celui de la communauté chrétienne de Philippes, une colonie romaine du Ier siècle. Au pays des merveilles, les mots signifient ce qu’on décide qu’ils signifient, et il semblerait bien que certaines traductions de Philippiens 2.6 aient été réalisées au-delà du miroir. Au gré de ses traductions aussi originales qu’incompatibles, le terme harpagmos y prend à peu près n’importe quel sens – à l’exception du plus évident. Comment est-ce possible ? Par quel miracle et par quelle autorité peut-on attribuer à un mot un sens inédit ? Date de publication : 19 janvier 2022 • Broché – format : 15,5 x 24 cm • 206 pages • ISBN : 978-2-343-24938-4 • EAN13 : 9782343249384
Pourquoi une nouvelle étude sur Philippiens 2.6, après celle de 2010 (L’égalité avec Dieu en Philippiens 2.6) ? Et surtout, après toutes celles qui ont déjà été consacrées à l’hymne christologique, qui se comptent par milliers ?
En 2010, mon étude cherchait à déterminer, d’un point de vue sémantique et syntaxique, s’il était possible de considérer les deux expressions « forme de Dieu » et « égalité avec Dieu » comme des énoncés plus ou moins interchangeables (synonymie partielle). La réponse à cette question jetait une première lumière sur la signification du verset au sein de l’hymne. Pour des raisons matérielles (cadre de l’exercice), je n’avais pas tenté une approche frontale du point le plus important : l’analyse sémantique de ἁρπαγμός. Je formulais seulement une critique succincte de la thèse la plus communément avancée sur le sens de ἀρπαγμός (2010,144-149). Il restait donc beaucoup à faire.
Dans cette nouvelle étude j’aborde le problème frontalement, en passant en revue tous les textes et toutes les études majeures parues sur le sujet (+ de 650 ouvrages consultés !). Je procède à une analyse sémantique détaillée de ἁρπαγμός, avant de décortiquer la thèse de Roy W. Hoover (1971). D’après cette thèse, en Philippiens 2.6, ἁρπαγμός s’inscrit dans une expression idiomatique (ἁργπαγμὸν τι ἡγεῖσθαι) qui lui fait perdre son sens connu et bien attesté (action de s’emparer vivement/de force de qqch) au profit d’un sens exocentrique : quelque chose dont tirer avantage (« something to take advantage of », 1971, 105). Ce sens a été largement adopté par les théologiens, mais on peut démontrer qu’il repose sur une double méprise dans l’analyse des textes avancés comme support : le transfert de totalité illégitime (Plutarque) et l’analyse anachronique et biaisée (Héliodore d’Émesse, Eusèbe de Césarée, Isidore de Péluse, Cyrille d’Alexandrie notamment).
Quoique la littérature consacrée à l’hymne christologique soit immense – essentiellement théologique, sociologique et rhétorique – les approches philologiques sont rarissimes. J’ai tenté dans mon étude de pallier à cette lacune par l’analyse sémantique, syntaxique, littéraire et historique. Au-delà de l’aspect linguistique, Philippiens 2.6-11 doit en effet être replacé
- dans son contexte d’énonciation,
- dans son environnement idéologique.
C’est donc une approche globale de l’hymne qui est proposée, et dans son contexte le plus évident : la colonie romaine de Philippes au Ier s. De très bonnes études s’étaient déjà intéressées à ce contexte (Hellerman, Oakes, Cassidy, Verhoef, etc.) mais il restait à mettre en musique ce contexte avec une analyse plus solide, et vraiment philologique, du terme ἁρπαγμός : j’espère avoir œuvré en ce sens.
Le Dictionnaire grec-français du Nouveau Testament (Bibli’O / ABU 2021) par S. Munteanu, paru récemment, est une adaptation française du lexique de B. M. Newman, A Concise Greek-English Dictionary of the New Testament (1971, 1993), qui avait déjà été traduit et adapté en français par J.-C. Ingelaere, P. Maraval et P. Prigent, Dictionnaire grec-français du Nouveau Testament (1998, 2008). Cette parution est bien entendu une bonne nouvelle – et il en faut – mais il n’y a point de miracle en la demeure : il s’agit bien d’une traduction/adaptation/révision d’un ouvrage anglais, non d’un travail inédit.
Pour vous donner une idée de son contenu, je propose dans ce qui suit de le comparer avec les autres dictionnaires qui lui sont comparables, trois en français, et deux en anglais : M. Carrez, Dictionnaire grec-français du Nouveau Testament (1998) ; J. Cochrane, Dictionnaire grec-français du Nouveau Testament (2016, 2e éd.) ; J.-C. Ingelaere, P. Maraval et P. Prigent, Dictionnaire grec-français du Nouveau Testament (1998, 2008) = I-M-P ; B. M. Newman, A Concise Greek-English Dictionary of the New Testament (1971, 1993) ; F.W. Danker, The Concise Greek-English Lexicon of the New Testament (2009).
L’examen portera sur les gloses ou définitions proposées pour quatre termes : ἁρπαγμός, ἐξουσία, μορφή, προσκύνεω.
- ἁρπαγμός
Munteanu | I-M-P | Cochrane | Carrez |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Newman | Danker |
![]() |
![]() |
- ἐξουσία
Munteanu | I-M-P | Cochrane | Carrez |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Newman | Danker |
![]() |
![]() |
- μορφή
Munteanu | I-M-P | Cochrane | Carrez |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Newman | Danker |
![]() |
![]() |
- προσκύνεω
Munteanu | I-M-P | Cochrane | Carrez |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Newman | Danker |
![]() |
![]() |
Ces quelques cas permettent de formuler les observations suivantes :
-
Le « Munteanu » (ci-après N-M comme Newman-Munteanu) est de belle facture : la police grecque est élégante, la disposition est aérée, les gloses se distinguent facilement par l’usage des italiques, et surtout formes irrégulières et dérivés sont mentionnés, ce qui, dans certains cas, peut représenter beaucoup d’informations utiles. On signalera une petite coquille orthographique p.6 « carctéristiques » au lieu de « caractéristiques ».
-
Par rapport au Newman et à IMP, N-M représente une amélioration significative : les entrées sont souvent plus développées, soit par l’adjonction de l’étymologie, des dérivés, soit par la refonte de la « définition », soit encore par l’ajout de la référence vers un ou plusieurs versets bibliques. Cependant, dans bien des cas les gloses elles-mêmes sont identiques entre le N-M et le I-M-P (ex. ἑξουσία).
-
Le N-M est toujours plus complet que le Newman et que le I-M-P.
- Contrairement au Carrez, le N-M ne fournit pas systématiquement d’indication syntaxique (ex. προσκυνέω + dat, ou + acc.).
-
En reprenant quasi systématiquement les gloses de I-M-P, N-M s’expose à en reproduire les même faiblesses, voire les même erreurs. Ex. le sens « prier » de προσκυνέω est probablement erroné. Il s’agit d’une contamination du sens prototypique (= le sens qui fait surface lorsqu’il n’est pas éclairé par un contexte) par un sens contextuel (= le sens possible dans un contexte particulier). Cette fusion des éléments sémantiques et pragmatiques est le propre des lexiques produisant des gloses. Ici, Danker, Cochrane et Carrez ne tombent pas dans ce piège. Autre ex. le sens « chose à retenir » (Newman « something to hold on to » ; voir aussi Cochrane) pour ἁρπαγμός : c’est un sens fantasmatique qui ne s’appuie sur rien. A cet égard, certains des outils utilisés par N-M (cf. p.7) sont inquiétants puisqu’à côté du Bailly, du Chantraine, du Bauer, et du Danker, on trouve aussi des traductions… or, on le sait, ce n’est pas en puisant dans des traductions que l’on fait oeuvre lexicographique…
-
Le N-M mérite clairement de supplanter le I-M-P mais j’ai l’intuition, à confirmer, qu’il ne concurrence que faiblement le vénérable Carrez. Il en deviendra, je pense, un utile complément.
-
En langue française, le Cochrane n’a toujours pas d’équivalent, mais compte-tenu de son prix relativement prohibitif, le N-M est une très bonne alternative bien meilleur marché, qui de surcroît a le potentiel de couvrir la plupart des besoins.
-
Le meilleur lexique « concis » reste le Danker, et de loin, mais je suis de ceux qui pensent qu’il ne faut pas, en la matière, faire de choix et utiliser tous les outils à disposition !
En deux mots, le N-M est un excellent outil, agréable et très pratique. Il permet de fournir un dictionnaire plus récent que le Carrez (et fondé sur le NA28 avec variantes), mais n’a pas d’argument majeur pour le supplanter. Comme il ne donne pas de définition, il n’est pas comparable ni ne peut remplacer le Cochrane. Cela dit, si vous n’avez qu’un « dictionnaire grec-français du Nouveau Testament », le N-M est un excellent choix.
Pour aller plus loin : Extrait.
Dystopie covidique
« La vérité est la seule autorité
L’autorité n’est pas la vérité. » – Sadhguru
Nous vivons dans un monde dominé par le mensonge (1Jo 5.19, Joh 8.44). On a attribué à Malraux l’idée que le XXIe siècle serait spirituel ou ne serait pas. Jusqu’à présent, force est de constater qu’il n’y a pas grand-chose de spirituel dans ce XXIe siècle, car la divinité, c’est l’argent, l’idole, c’est le ventre (Mat 6.24, Luk 16.13, Phi 3.19). Aussi est-il cocasse de constater qu’il existe encore des gens pour croire que le pouvoir séculaire, l’État, agit dans l’intérêt du peuple : l’État est Providence. Il remplace la Providence.

Mosaïque citant Rom 13.3 (Césarée Maritime). Source. Biblio : Graves 2020, 239.
Les chrétiens – qui ne font pas partie du monde (Joh 15.19, Joh 17.14, Joh 17.16, Joh 18.36) parce que leur politeuma, leur communauté civique, est céleste (Phi 3.20) – se soumettent bien volontiers à l’autorité séculaire (Rom 13.1), dans le cadre fixé par Jésus (Luk 20.25). Ils se conforment, en quelque sorte, à cet adage qu’on peut lire sur une mosaïque retrouvée à Césarée : ΘΕΛΕΙΣ ΜΗ ΦΟΒΙΣΘΑΙ ΤΗΝ ΕΞΟΥΣΙΑΝ ΤΟ ΑΓΑΘΟΝ ΠΟΙΕΙ. Veux-tu ne pas craindre l’autorité ? Fais le bien ! Il s’agit d’une citation de Rom 13.3, frappée au coin du bon sens, suggérant que la pratique du bien écarte des tribunaux et de la répression publique. Ce qui est bien vrai. Mais… pas toujours.
Quand le pouvoir est tyrannique, on peut le craindre même et surtout quand on pratique le bien. Ainsi les lanceurs d’alerte modernes ont à craindre non seulement la dangereuse vindicte des groupes d’intérêts privés qu’ils dénoncent, mais aussi très souvent l’État lui-même, qui est d’emblée plus prompt à protéger les intérêts financiers des grands groupes que l’intérêt public. En France, sommes-nous encore dans une démocratie ? La question se pose, et la réponse est évidemment négative (Polony 2021). Le concept de démocrature me paraît plus approprié, et c’est pourquoi l’idée d’un État Providence est naïve. Les chrétiens devraient en avoir conscience, et adopter vis-à-vis du monde politique une distance critique de tous les instants, spécialement en matière de santé.
La devise de ce blog est tirée de 1Th 5.21 : πάντα δὲ δοκιμάζετε, τὸ καλὸν κατέχετε· Examinez (procédez à un examen critique de) toutes choses, retenez ce qui est bon. La crise de la Covid19 nous donne hélas le loisir de mettre en application, plus que jamais, cette devise. Dans ce qui suit, je vais m’écarter d’une stricte neutralité, et du cadre de ce blog. A décharge, je fais valoir que le silence est un parti-pris, et puisque ne dire mot, c’est consentir, mieux vaut dire ce qu’on pense. N’étant absolument pas une autorité pour m’exprimer dans le domaine sanitaire, il va de soi que les idées exprimées ne valent qu’à la mesure du crédit que vous portez aux « autorités » (références bibliographiques) mentionnées en vis-à-vis. En préambule, mon conseil est le suivant : Réfléchissez, examinez, vérifiez !
-
Échec du discours scientifique. C’est un problème que j’ai déjà signalé – en détail – dans deux billets de ce blog : La souris truquée et Malscience. La fraude est bien plus répandue qu’on ne pense : qu’elle soit motivée par des raisons de carrière (publish or perish) ou par l’appât du gain (considérable), elle a envahi le milieu scientifique jusqu’au point de non-retour : la plupart des études scientifiques, particulièrement dans le milieu médical, ne sont tout simplement pas de la science. Pilotées par l’industrie pharmaceutique, les études ne servent que l’intérêt de leurs financeurs. Qu’il s’agisse d’introduire un nouveau médicament, de fixer un seuil médical ou d’influencer un taux de remboursement, la pression des labos s’exerce à tous les niveaux, et dans la plus totale opacité/impunité. → BMJ 2020;371:m4425 – Sismondo 2021 – Posons-nous cette question : devrions-nous faire confiance à la « science » de l’industrie pharmaceutique ? – Kassirer 2005 – Even 2015 – Gøtzsche 2019 – Raoult 2021– Gingras et Kelfaoui 2020 – Courtois 2021a – Courtois 2021b – Borch-Jacobsen 2013 – Foucart 2013 – Le Monde Diplomatique : Vérités et mensonges au nom de la Science (n°179, 10-11/2021)
-
Échec des instances de régulation. OMS, FDA, EMA, ANSM, États… toutes ces instances sont faillibles et ont failli. Particulièrement dans le cadre des traitements précoces, elles n’ont pas voulu laisser aux médecins leur liberté de prescrire (cf. Courtois 2021c, d), et ce faisant ont occasionné une perte de chance pour des dizaines de milliers de malades. Le dénigrement du protocole de Didier Raoult, en particulier, défie l’entendement. On a accordé une recommandation temporaire d’utilisation (ANSM, EMA, Commission européenne) à une molécule nouvelle (et hors de prix), le Remdesivir, mais refusé cette même recommandation à une molécule ancienne, sûre et bon marché, l’hydroxycloroquine (en association avec l’azithromycine). Les résultats de l’étude DisCoVeRy, tombés récemment (14/09/2021, Ader et al. 2021 : « No clinical benefit »), confirment ce que les auditeurs de Didier Raoult (IHU) savaient depuis longtemps : le Remdesivir ne soigne pas et il est toxique. Pire, il est mutagène. Par contre il est très efficace pour les profits du laboratoire Gilead, et par ruissellement pour toutes celles et ceux que ce laboratoire arrose. → Bazin 2021, 27-84 – L’ANSM refuse une RTU à l’HCQ… – Covid-19 (diagnostic, traitements, vaccin): panorama d’une escroquerie (retweeté par Didier Raoult, ce qui a fait grincer quelques dents chez les spécialistes en procès d’intention mais non en examen du fond) – Remdesivir, pour quelques dollars de plus.
-
Échec des politiques. L’évolution de l’épidémie est décorrélée des mesures de politique sanitaire, en tous cas dans les pays les plus riches. Masques, protocoles, confinements (Gøtzsche 2021, 95-143), politique vaccinale, et autres nuisances… Toutes ces mesures liberticides ne sont pas fondées sur des études scientifiques sérieuses, et sont inefficaces comme l’ont démontré les différentes « vagues ». On ne confine pas des personnes saines avec des personnes malades : il faut isoler les malades, et laisser libres ceux qui ne le sont pas… C’est un principe assez ancien appelé « quarantaine ». Les confinements ont des effets dévastateurs sur l’économie, la santé mentale individuelle et la santé publique. On ne préconise pas de Paracétamol pour la Covid – c’est dangereux (Bazin 2021, 130-136). On ne refuse ni soin, ni espoir, aux patients en leur expliquant qu’il n’y a pas de traitement : on laisse faire ceux dont c’est le métier, les médecins. Au pire, ils prescriront un traitement inutile – ce qu’il font souvent – mais le patient aura été pris en charge, a minima par un effet placebo. Au mieux, ils prescriront le protocole de Raoult, ou l’ivermectine – traitements controversés mais qui ont fait leurs preuves dans quelques pays – à côté d’une supplémentation en vitamine D, C, zinc, et quercétine notamment (ex. Name 2020). On se concerte sur l’utilisation du Rivotril, que certains considèrent comme de l’euthanasie active. On ne prend pas de décisions à l’emporte-pièce, comme celle interdisant l’usage de l’hydroxycloroquine. En tout cas on remarquera que le classement de l’hydroxycloroquine comme « substance vénéneuse » a favorablement avantagé la course aux vaccins, laquelle nécessitait qu’aucun traitement ne soit disponible. Ce lien trouble entre décision politique et intérêts industriels interroge. Le scandale du Lancet (LancetGate) n’a fait qu’illustrer par l’ignominie à quel point le monde de l’édition scientifique est corrompu ou aveugle, mais pas seulement : l’interdiction élyséenne n’ayant pas été levée, ni l’hydroxycloroquine été réhabilitée, on a rajouté un scandale politique au scandale scientifique. → Douste-Blazy 2020, Perronne 2020 et 2021.
-
Échec des syndicats et des ordres. Non seulement la liberté de prescrire des médecins a été bafouée, mais on a aussi vu une multiplication d’actions menées par l’Orde national des médecins (ordre fondé singulièrement sous le régime de Vichy) visant, ni plus ni moins, à bafouer également la liberté des médecins de s’exprimer ! Avec l’obligation vaccinale pour les professions de santé et l’introduction du pass « sanitaire », un grand nombre de secteurs ont été mis sous pression, avec un piétinement inédit et disproportionné des libertés individuelles et du droit du travail – et ce dans un mutisme à peu près complet des syndicats. La France, pays des Lumières ?
-
Échec des médias. Croyant « faire nation » les médias, à la solde d’une poignée de milliardaires défendant des intérêts privés, ont unifié leurs discours dans un terrifiant chœur dystopique. Des journalistes aux compétences douteuses s’auto-proclament « fact-checkers » et héros de la « désinfox » (« ceux qui sont dans la cale et qui ne voient jamais rien » d’après l’analogie de l’inénarrable D. Raoult). Il est vrai que notre époque se caractérise par une explosion dramatique de la désinformation. Faut-il pour autant pourchasser et faire taire les hérétiques, comme au temps de l’Inquisition ? En matière scientifique, l’explosion de la désinformation est un échec cuisant de la société scientiste qui est imputable à la perte totale de crédibilité des savants. Ce manque de crédibilité, je l’ai dit, a atteint un point de non-retour : absence d’éthique, conflits d’intérêts, fraudes, ont fait déborder le vase (pour les liens ou conflits d’intérêts, des sites comme Base Transparence Santé ou Euros For Docs donnent une petite idée, édifiante, de la situation). Le public ne croit plus en l’idole « science ». C’est un problème très fâcheux car, dit-on, « l’ignorance tue ». Certes. Mais ce n’est ni par la censure, ni par un autoritarisme fasciste et totalitaire que l’on parviendra à guérir la société de ce mal lancinant – bien au contraire. Oubliant leur rôle de contrepouvoir, les médias agissent désormais en parfaits petits soldats du gouvernement – ce qui serait logique si nous étions « en guerre ». Mais de guerre, il n’est point, et l’épidémie exigerait une approche moins opaque (sans Conseil de défense sanitaire !), et plus démocratique, c’est-à-dire ouverte aux voix critiques et dissidentes, surtout quand elles émanent de scientifiques reconnus (les Raoult, Perrone, Henrion-Caude, Montagnier, Mallone…). → Courtois 2021e, Vidal 2021, Colon 2021.
A quel genre de prudence ces considérations invitent-elles ?
Les médias et politiques agissent comme si les scandales sanitaires n’avaient jamais existé. Ou bien comme si ces scandales ne pouvaient plus survenir, puisque les leçons en auraient été tirées. Mediator, Diane 35, Vioxx, statines, Dépakine, Distilbène, sang contaminé, vaccins contre la dengue, vaccins H1N1, opioïdes… la liste (ici non exhaustive) est longue, mais l’affaire du Remdesivir + LancetGate montre qu’au contraire rien a changé. Il existe toujours des scientifiques – appelés key opinion leaders – prêts à vendre corps et âme aux labos. Il existe toujours des instances de « régulation » qui ne régulent pas grand-chose. Par exemple, entre 2001 et 2010, un tiers des médicaments approuvés comme « sûrs et efficaces » par la FDA ont été à l’origine de problèmes de sécurité sérieux, nécessitant retrait ou mise en garde (Downing et al. 2017). Certains verront dans ce constat alarmant l’indication que le processus de surveillance fonctionne normalement. Mais les esprits chagrins – et les victimes – y verront surtout la preuve que lorsqu’une institution décrète qu’un médicament est « sûr et efficace », la réserve non seulement est légitime, mais nécessaire : la proportion est énorme et discrédite complètement les processus de validation (normaux et plus encore ceux qui sont très accélérés comme dans le cas des vaccins !). Sur les scandales sanitaires → D.-M. Courtois et P. Courtois 2016, Simon 2006, 53-79, Gøtzshe 2019, Even et Debré 2011.
Alors que penser de l’hystérie vaccinale, promue en chœur par les politiques, les médias et les instances de régulation ? « La vaccination, ça ne se discute pas » avait lancé Marisol Touraine, une ancienne ministre de la Santé. Voilà qui n’est ni démocratique, ni scientifique, mais au vu des circonstances exceptionnelles entourant la Covid19, ne peut-on pour une fois (mais ce ne serait pas la première fois) déroger au dialogue civilisé et au débat contradictoire, et obliger les imbéciles, les marginaux, les ignares, les complotistes, les crasseux, les sans-dents, les gueux, les farfelus, les égoïstes, les cheveux longs, les cheveux sales et les gens qui ne sont rien à se faire vacciner ? Avant de répondre à cette question, il convient de rappeler quelques faits.
En premier lieu, le dénigrement des traitements précoces est un scandale qui jette un doute irrémédiable sur l’intérêt (et le désintéressement !) des vaccins. Pourquoi avoir interdit aux médecins de prescrire librement ? Pourquoi avoir interdit des traitements inoffensifs et potentiellement efficaces ? Pourquoi n’avoir pas fait une promotion intensive de l’hygiène de vie pour stimuler les défenses immunitaires ? Il n’est ici pas utile de recourir à une quelconque théorie du « complot » : incompétence et surtout corruption permettent d’apporter toutes les réponses requises. En second lieu, l’exonération de responsabilité des laboratoires pour les effets indésirables des vaccins, en toute opacité, est un scandale qui jette aussi un doute irrémédiable sur l’innocuité des vaccins : les États sont placés dans la position de juge et partie : responsables de l’indemnisation, mais chargés de la pharmacovigilance ! Situation d’autant plus perverse que le signalement des effets secondaires doit idéalement passer par les professionnels de santé – ceux-là même qui sont impliqués dans la propagande et la vaccination de masse, et grassement payés pour ce faire ! En dernier lieu, l’innovation technologique majeure introduite par les vaccins OGM ou ARNm jette encore un doute irrémédiable sur l’innocuité des vaccins. Non seulement les études cliniques ont été raccourcies et présentent des défauts méthodologiques ahurissants (ex. de Lorgeril 2021, Classen 2021) mais la technologie elle-même a de quoi susciter quelques appréhensions, qu’il faut lever par des études approfondies incompatibles avec l’urgence (Vélot 2020, 2021).
Faut-il rejeter la vaccination, sous prétexte du principe de précaution ? Comme l’explique fort bien Didier Raoult dans son ouvrage La Vérité sur les vaccins (Michel Lafon Poche, 2021), se poser la question d’être pour ou contre la vaccination n’a pas de sens. C’est l’indication qui compte : pour qui ? où ? à quel moment ? Une politique vaccinale cohérente devrait cibler son public, informer, et s’abstenir de contraindre. Commentant la politique française au sujet des 11 vaccins obligatoires depuis 2018, Raoult écrit :
Comment imaginer qu’une injonction rétablisse la confiance ? J’ai bien peur que cet autoritarisme n’amplifie au contraire la défiance vis-à-vis de la vaccination et nous fasse courir un risque grave en cas de pandémie. Dans les quinze pays européens qui ont opté pour la recommandation vaccinale à la place de l’obligation vaccinale, il n’y a pas plus de morts. Aucune étude ne montre l’efficacité de la contrainte vaccinale, d’autant qu’elle sape l’effort pédagogique des médecins sur l’intérêt de la vaccination et ravive l’hystérie des anti-vaccins. (pp.116-117)
Il y avait déjà des réticences immenses pour des vaccins qui ont fait, peu ou prou, leurs preuves. Que dire dans ce cas de vaccins nouveaux, développés hâtivement, avec des technologies inédites, et qui sont toujours en phase III d’essais cliniques ? Opposer aux réticents le miracle scientiste de la vaccination est indécent. Les deux vaccins les plus injectés actuellement (Pfizer et Moderna) n’ont plus grand-chose à voir avec la technique de Pasteur – et ne viennent pas du « pays de Pasteur » relégué en 3e division dans de bien nombreux domaines – et leur nouveauté suscite de nombreuses interrogations et de vives inquiétudes (Seneff et Nigh 2021, Muchielli et al. 2021). Par exemple, Robert Malone, un des pionniers de l’ARNm déclare que la protéine Spike, induite par les vaccins, est toxique. Quand on consulte les bases de pharmacovigilance/vaccinovigilance, comme VAERS ou EudraVigilance, on est effaré : il semble que les vaccins soient impliqués dans une mortalité inédite (interview), qui ne saurait systématiquement être le fruit du hasard (synthèse ici). Dans ces conditions, la question du principe de précaution revient dans la boucle avec d’autant plus d’acuité. Chacun doit se demander si le bénéfice excède le risque encouru. Le bénéfice est de réduire le risque de faire une forme sévère de la maladie, et de se prémunir de l’ostracisation. La question des doses complémentaires indique que le bénéfice est temporaire (quelques mois seulement, hors variant). Le risque, outre l’ostracisation, est de faire une forme grave… On voit donc que le bénéfice sanitaire ne concerne que la maladie sous sa forme sévère puisque de l’aveu unanime, les « vaccins » ne protègent ni de la contamination, ni des symptômes, ni de la propagation. Or les individus ne sont pas tous égaux vis-à-vis du risque de forme sévère. La stratégie vaccinale doit donc – comme toujours en fait – être concertée, ciblée, consentie. Si l’on met de côté les leçons de morale des bons citoyens altruistes (ceux qui – entre deux cigarettes et une boisson sucrée – se jettent sur les paquets de pâtes et de PQ à la moindre alerte), que faire ?
On ne peut appliquer partout notre principe de précaution, parce que le rapport entre le coût et le bénéfice n’est pas le même partout. Personne n’a voulu financer d’essais sur cent mille volontaires pour le vaccin contre Ebola, pourtant on utilise aujourd’hui cette vaccination parce que la mortalité est élevée. Mais quand le risque est faible, c’est l’inverse : la certitude de l’innocuité du vaccin doit être très forte et les études de sécurité le plus poussées possible. (Raoult, La vérité sur les vaccins, pp.127-128 ; je souligne)
Il faut évidemment se demander le risque que l’on a de faire une forme sévère et de mourir de la Covid. Ce risque est élevé chez les personnes âgées (> 65 ans), les immunodéprimés, les personnes obèses ou cancéreuses, mais plus modeste voire infime dans les autres catégories de la population, tout particulièrement chez les moins de 30 ans, où le risque de mourir du vaccin l’emporte (Bourdineaud 2021, 9 ; cf. RéinfoCovid pour les < 45 ans). Quid alors des 85% de non-vaccinés qui encombreraient les hôpitaux ? de la réduction de 95% des formes sévères ? de la réduction d’un facteur 12 de la transmission du virus chez les personnes vaccinées ? « Les chiffres, cela ne se discute pas », a-t-on souvent asséné.
Voici encore une affirmation péremptoire, suffisante, autoritaire. Pas sûr que Bill Gates, « le plus grand acteur privé de santé publique au monde » (Raoult 2021, 108), soit d’accord avec nos éminences grises ! Car les chiffres, bien entendu, se discutent et se trafiquent comme le reste, surtout lorsqu’il s’agit de modélisations hors-sol (Institut Pasteur, Inserm), ou de données tronquées (DREES) – sans parler des cas de conflits d’intérêts. → Décoder l’éco : Le dessous des chiffres du Ministère de la Santé –Statistiques officielles, « oublis » : la Drees a-t-elle reconnu son erreur ?… – Analyses of the french president Macron’s scientific assertions by Prof. Peter McCullough. – Importantes limites scientifiques de la modélisations… (Institut Pasteur) – Projections des entrées l’hôpital…(Inserm) – Des chiffres et des faits : les leçons à tirer d’Israël (vidéo) – Vaccin en Israël : des chiffres troublants !
Concernant l’efficacité de la vaccination, nous avons plus d’éléments. Ici, à Marseille, fin juin, nous avons eu près de 600 cas diagnostiqués de gens infectés malgré une vaccination (complète ou incomplète). Les gens infectés ont fait des formes aussi graves (en termes d’hospitalisation, de réanimation ou de mort) que les gens qui n’avaient pas reçu de vaccin. Très fréquemment, pour des raisons que je ne m’explique pas, ces personnes ont fait des infections dans les quinze jours qui ont suivi la vaccination. Cette réaction n’avait d’ailleurs pas du tout été évaluée dans les essais cliniques. (Raoult 2021, 219)
Bien que Didier Raoult s’évertue à réhabiliter la vaccination contre les « délires complotistes » et « l’hystérie des anti-vaccins », il met aussi en garde contre une politique vaccinale contrainte, et répète à l’envi la nécessité d’un recours raisonné aux vaccins, lesquels ne constitueront jamais une « baguette magique ». Son discours porte essentiellement sur les vaccins qui étaient déjà en circulation avant la crise sanitaire, puis il consacre un épilogue succinct à la Covid19 (pp.213-220). Il y souligne plusieurs éléments désormais bien connus : le secteur scientifique est dépendant de l’industrie ; les enjeux financiers sont colossaux ; les vaccins basés sur la Spike exercent une pression de sélection sur les virus [ = créent des variants ! Idem Vélot 2021] ; ils sont condamnés à ne plus être efficaces à terme et sont mis à mal par le variant Delta ; et il n’est enfin pas démontré qu’ils empêchent la circulation du virus.
Ces vaccins [à ADN ou ARNm] n’avaient jamais été utilisés chez l’homme et, d’une manière intéressante, dans une période où le principe de précaution est entré dans la Constitution, celui-ci n’a absolument pas été appliqué dans le domaine du COVID, aussi bien sur les stratégies thérapeutiques (le Remdesivir est aussi un analogue des bases qui servent à construire l’ARN) que sur le plan du vaccin, où, au contraire, les choix ont été délibérément de préférer le principe d’innovation au principe de précaution. (p.214 ; je souligne).
En définitive, l’un des meilleurs si ce n’est le meilleur spécialiste français peine à convaincre ou à rassurer, non pas sur la vaccination, qu’il encense comme il se doit, avec les petites réserves qui vont bien çà et là, mais plutôt sur le sujet qui brûle toutes les lèvres : la politique de vaccination anti-Covid tous azimuts ! En filigrane je pense avoir compris – moins dans son ouvrage que dans ses vidéos – qu’il ne la recommande que pour les sujets à risque (et les personnels de santé affectés aux soins). Ah, ce Didier Raoult, d’une si agaçante logique !
De fait, la vaccination est un sujet devant faire l’objet d’un consentement libre et éclairé, qui ne saurait être dicté par des considérations sociales, politiques, ou financières. A cet égard, il importe de comprendre qu’une politique sanitaire est avant tout une politique. Y mêler le dieu Science revient à introduire le droit divin dans la sphère publique. Si le pouvoir est de droit divin, qui peut contester ? Qui peut contredire un dieu, un chiffre ? Puisque ça ne se discute pas, taisez-vous ! Démocrature…
Bon nombre de décisions touchant à la santé publique sont prises au niveau européen, où sévissent au moins 11 800 lobbies (24 894 équivalents temps plein ; selon d’autres, 26 500 lobbies/37 300 personnes) ! Il est naïf de penser que les décisions s’intéressent toujours au bien commun. Il faut donc se garder de prendre le discours politique, spécialement quand il se drappe des apparats de la science, pour argent comptant. Par ailleurs, l’absence d’éthique au plus au niveau de l’État ne fait aucun doute. On peut l’illustrer par le recours au cabinet McKinsey (dit « la Firme » comme dans un James Bond) par l’Elysée pour sa campagne vaccinale. Cette firme très influente a été poursuivie aux États-Unis pour ses tactiques de marketing « cyniques » – d’autres diraient « criminelles » puisqu’elles ont occasionné des dizaines de milliers de morts – dans la crise des opioïdes aux États-Unis et au Canada, et a dû payer 573 millions de dollars pour solder les poursuites judiciaires qui la visait. De même, peut-on accorder le moindre crédit au laboratoire Pfizer, condamné à de multiples reprises pour fraude et corruption ? On trouve sur le site de du Parlement européen (je souligne) :
L’Agence européenne des médicaments a octroyé une autorisation de mise sur le marché conditionnelle pour le vaccin de Pfizer/BioNTech sur la foi des données transmises par Pfizer. La Commission a négocié une option d’achat pour 2,3 milliards de doses de plusieurs candidats vaccins, mais seuls ceux de Pfizer/BioNTech et Moderna ont été autorisés sur le marché européen à ce jour.
Or, Pfizer a été condamné à de multiples reprises aux États-Unis pour falsification de données, corruption active et versement de commissions occultes. En 2016, le laboratoire a été également condamné en Angleterre à une amende de 84,2 millions de livres pour la surfacturation du prix de son traitement contre l’épilepsie. En 1996, Pfizer avait aussi été accusé d’avoir provoqué au Nigeria la mort de 11 enfants et des dommages physiologiques sur beaucoup d’autres en testant sur eux un antibiotique. Wikileaks a révélé en 2010 que Pfizer aurait essayé de trouver des preuves de corruption contre le ministre de la justice nigérian pour le contraindre à abandonner ses poursuites.
Ce passif et les méthodes de Pfizer ont-ils été pris en compte par la Commission lors des négociations?
J’ignore s’il s’agit d’une question oratoire et quelle réponse lui a été officiellement apportée. Par contre, on sait bien que ce passif n’a pas été pris en compte puisque les clauses du contrat sont extrêmement favorables, tellement que cela est « anormal« . On sait aussi que l’allégation des 95% d’efficacité du vaccin Pfizer est une publicité mensongère qui ne trompe que le public peu informé du jargon des essais cliniques : dans « l’essai mené durant l’automne 2020, 99,1% des non-vaccinés N’ONT PAS EU la Covid-19 contre 99,96% des vaccinés. L’efficacité absolue du vaccin Pfizer est donc de 0,86%. » (RéinfoCovid ; voir ici) : soit une efficacité relative de 95%, mais une efficacité absolue de 0.86% ! Much ado…
Pour conclure
L’histoire n’est pas terminée et il n’y a pas de conclusion. Il faut pouvoir se poser et réfléchir. Manifestement le discours politique se radicalise dans une posture autoritaire, parfois tyrannique. Le discours scientifique a failli, ici par orgueil, là par avidité. Les béotiens dont je suis, sans jamais se piquer de scientificité, doivent naviguer dans les eaux tumultueuses de la propagande à la recherche d’îlots de vérité. Sur le navire, en proie aux bourrasques et aux ressacs, mieux vaut écouter ceux qui sont à la vigie (les scientifiques éminents, même décriés) plutôt que ceux qui sont dans la cale (journalistes et autres fact-checkers). J’ai cité en exergue un certain Sadghuru, qui rappelle judicieusement : La vérité est la seule autorité. L’autorité n’est pas la vérité.
Malheureusement, on confond trop souvent autorité et vérité. Ce n’est pas la même chose. Ce n’est pas parce qu’une personne détient une autorité, qu’elle soit religieuse, politique ou scientifique, qu’il détient la vérité. La vérité vaut pour elle-même, c’est un joyau qui se mérite. Quant à ceux qui sont parés de l’autorité, ils ne peuvent exiger la confiance. Ils doivent la mériter.
Quelques lectures de base pour tenter d’y voir plus clair, et surtout réfléchir…
- D. Raoult, La vérité sur les vaccins (2021) – La science est un sport de combat (2020) – Épidémies, vrais dangers et fausses alertes (2020) – Carnets de guerre – Covid 19 (2021)
- M. de Lorgeril, Les vaccins à l’ère de la Covid (2021)– Introduction générale à la médecine des vaccins (2018) – Analyse scientifique de la toxicité des vaccins (2019) – et les autres volumes de série.
- Le Monde Diplomatique : Vérités et mensonges au nom de la Science (n°179, 10-11/2021)
- P. Gøtzsche, Remèdes mortels et crime organisé (2019) – Vaccines: Truth, Lies, and Controversy (2021)
- X. Bazin, Big Pharma démasqué ! (2021)
- D. Colon, Propagande: La manipulation de masse dans le monde contemporain (2021)
- B. Perrier, Sars-Cov-2, Aux origines du mal (2021)
- S. Foucart, La Fabrique du mensonge (2013)
- P. Douste-Blazy, Maladie française (2020)
- D.-M. Courtois et P. Courtois, Le livre noir de la médecine (2016)
- S. Simon, Vaccins, mensonges et propagande (2013) – La nouvelle dictature médico-scientifique (2006)
- M. Georget – Vaccinations – Les vérités indésirables (2017)
- J.F. Saluzzo, La saga des vaccins (2011)
- J.P. Kassirer, La main dans le sac. Médecine + Affaires = danger pour la santé ! (2007)
Ce n’est pas tous les jours qu’un nouveau lexique de grec ancien est publié. Après une remarquable grammaire parue en 2019, l’Oxford University Press ajoute donc à sa collection The Cambridge Greek Lexicon (2021) éditée par J. Diggle et al.
The Cambridge Greek Lexicon is based upon principles differing from those of existing Greek lexica. Entries are organised according to meaning, with a view to showing the developing senses of words and the relationships between those senses. Other contextual and explanatory information, all expressed in contemporary English, is included, such as the typical circumstances in which a word may be used, thus giving fresh insights into aspects of Greek language and culture. The editors have systematically re-examined the source material (including that which has been discovered since the end of the nineteenth century) and have made use of the most recent textual and philological scholarship. The Lexicon, which has been twenty years in the making, is written by an editorial team based in the Faculty of Classics in Cambridge, consisting of Professor James Diggle (Editor-in-Chief), Dr Bruce Fraser, Dr Patrick James, Dr Oliver Simkin, Dr Anne Thompson, and Mr Simon Westripp.
Les deux principales promesses sont les suivantes :
une organisation selon le sens
une lexicographie ab ovo par l’examen des sources primaires
Le projet a été initié par le célèbre Dr Chadwick en 1997, avec pour but initial de réviser l’Intermediate Greek-English Lexicon. Mais l’on s’est bien vite rendu compte que c’est plus qu’une révision qui était nécessaire, les sciences philologiques ayant significativement progressé depuis le XIXe s., sans parler des nombreuses découvertes épigraphiques ou papyrologiques effectuées depuis. Décision fut prise de réaliser un lexique tout à fait indépendant, fondé sur un réexamen des sources. Cet objet louable et ambitieux s’inspire des travaux de Lee 2003, lequel a dénoncé les insuffisances de la plupart des lexiques de grec disponibles sur le marché : ils sont tributaires de leurs prédécesseurs à un degré indécent, font généralement peu progresser la lexicographie, pérennisent des erreurs, proposent des gloses plutôt que de véritables définitions, et procèdent parfois d’une logique plus commerciale que scientifique. Dans ce contexte, le besoin d’outils fondés sur des méthodes modernes, et un réexamen minutieux des textes anciens, est plus que nécessaire, mais représente naturellement un travail herculéen.
Les éditeurs du Cambridge Greek Lexicon (CGL) se sont attelés à cette tâche immense ces 20 dernières années. Le résultat consiste en deux volumes de belle facture, agréables à consulter. Il ne s’agit pas d’un dictionnaire sensé couvrir l’ensemble de la langue, mais d’un lexique, ce qui signifie qu’une sélection s’est opérée. C’est là où l’excitation première retombe un peu. Les éditeurs indiquent avoir couvert la période depuis Homère jusqu’au début du IIe s. (plus précisément, jusqu’au Vies parallèles de Plutarque, i.e. 100-120 AD, cf. p.vii). De ce fait, on serait en droit d’attendre une prise en compte de l’ensemble des lexèmes du NT, mais ce n’est hélas pas le cas. Par exemple ἁρπαγμός y est absent, quoiqu’il figure dans le NT (c. 60-62 AD au plus tard pour l’épître aux Philippiens). On en comprend la raison en consultant le corpus des oeuvres citées dans le lexique : pour le NT, seuls les Évangiles et les Actes ont été pris en compte (cf. p.xv et xvii ; d’après le texte du NA28). Pour la LXX, rien. Cela ne signifie pas que le CGL sera totalement inutile pour la LXX, puisque nombre de vocables chez des auteurs classiques se trouvent aussi dans la LXX.
Il faut donc aborder le CGL pour ce qu’il est : un outil complémentaire, destiné aux études classiques, et qui peut éventuellement avoir un intérêt, par sa méthode nouvelle, pour les études bibliques. Ce ne sera toutefois pas la panacée ; l’ouvrage devra faire son nid parmi de grands noms, spécialement le BDAG, le GE, le LEH, le LSJ et le GELS pour ne citer que les plus connus. Je propose dans ce qui suit de donner un échantillon de ce lexique, en le comparant avec les trois dictionnaires/lexiques qui lui sont le plus proches : le BDAG, le LSJ et le GE, et ce pour le verbe ἡγέομαι.
CGL I, 656-657 | LSJ 763 | BDAG 434 |
GE 901-902 |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Le premier constat qu’on peut faire est que le CGL est plus concis, plus lisible que ses pairs… car il est beaucoup plus succinct. Cela s’explique en grande partie en raison de son choix de ne pas donner de référence exacte : seul est mentionné le nom de l’auteur où figure un sens allégué. Il n’y a pas non plus d’exemples d’illustration. On est donc, d’emblée, dépaysé, pour ne pas dire décontenancé – car il faut faire confiance à l’éditeur…
Pour le verbe ἡγέομαι le CGL fournit 6 sens :
1. lead the way, act as guide ; take the lead in, lead
2. take the lead, play the leading role
3. lead, be at the head, be in command
4. be in power, rule, be in control, hold the hegemony
5. lead, guide; lead, invite
6. consider, believe, think
Le LSJ, beaucoup plus touffu (772 mots) et fourmillant d’exemples divisés à l’envi, en propose 4 :
1. precede, to go before on the way, drive, to be antecedent, leading principle, to be one’s leader in, advanced
2. lead, command, rule, have dominion, abbess, principal
3. believe, hold, hold or regard, to believe in
4. pass. being led
Le BDAG, raisonnablement dense (608 mots), propose sobrement 2 définitions :
1. to be in a supervisory capacity, lead, guide
2. to engage in an intellectual process, think, consider, regard
Quant au GE, le plus complet de tous (1048 mots), il propose 3 sens :
1. to guide, lead, go before ; to be antecedent or prior, to precede
2. to lead, command ; to have the power or supremacy, rule, have dominion; to be at the head, direct, preside
3. to believe, regard, hold, think; to esteem, regard; to deem necessary, think fit
Ce bref échantillon permet de formuler les remarques suivantes (qui ne valent que pour ἡγέομαι) :
- c’est le CGL qui est le plus succinct, mais c’est aussi le lexique qui donne le plus de sens différents au verbe ἡγέομαι,
- le CGL a, comparé au LSJ et au GE, une bonne lisibilité,
- la valence du verbe est plus clairement compréhensible dans le CGL,
- le CGL ne remplit pas vraiment a promesse de proposer de véritables définitions, contrairement au BDAG.
Concernant la première remarque, on peut souligner – à décharge – que le CGL indique en début d’entrée : « There are two basic senses: (1-5) lead, (6) consider ». Cela vaut aussi pour le GE, qui, quoique très touffu à la manière du LSJ, possède un encart grisé en début d’article qui permet d’aller à l’essentiel de la même manière. On est malgré tout surpris de cette prolifération de sens. Pour la comprendre, il faut se reporter aux indications des éditeurs : « Entries are organised no primarly according to chronological or grammatical criteria, but according to meaning, with a view to showing the developing senses of words and the relationships between thoses senses. » Cet objectif me laisse sceptique car il suppose un travail inouï, et son intérêt concret (par exemple pour des traducteurs qu’importe peu l’histoire du sens d’un mot) me paraît limité ; dans les faits, la perception du « développement du sens » d’un vocable et les diverses « relations » d’un sens à l’autre seront plus subjectives qu’objectives (car pour parler objectivement il faudrait une étude de fond pour chaque lexème, ce qui n’est pas réalisable, même en 20 ans). Pour le cas de ἡγέομαι, les nuances ou différences dans les rubriques 1-5 sont peu évidentes.
Dans le cas du verbe ἡγέομαι, la définition la plus efficace reste, et de loin, celle du BDAG. Non seulement les deux principaux sens sont clairement mis en relief, mais de plus une réelle définition est proposée. Le LSJ reste incontournable pour les points de détail ou comme clé d’entrée dans un corpus choisi d’exemples, de même que le GE et pour les mêmes raisons, lequel ne démérite pas à la fois pour sa clarté (encart initial), et son exhaustivité. La plus touffue et imbuvable est sans conteste celle du LSJ. Et la plus concise, quoique très compartimentée, celle du CGL.
En somme le CGL apparaît, pour les personnes souhaitant s’en servir aux fins d’études bibliques (ce qui est le détourner un peu de son usage premier), comme un outil complémentaire et intermédiaire. Ce n’est pas un lexique avancé, et il présente quelques inconvénients fâcheux comme l’absence de citations de ses sources exactes, et son étendue, osons le mot, réduite (on aimerait d’ailleurs bien savoir le nombre de lexèmes retenus). Mais il a des qualités importantes, à savoir sa (relative) indépendance de la tradition lexicographique commune (à vérifier à l’usage, mais à première vue perceptible), et son exergue sur les constructions grammaticales. Sa concision en fait outil de consultation rapide, plus complet et moderne que l’Intermediate LSJ, moins exhaustif bien entendu que le LSJ, mais beaucoup efficace par sa clarté.
.