06/03/2019

Intermediate Biblical Greek Reader (Gupta & Sandford, 2018)

   S’il n’est pas difficile de trouver des méthodes ou des grammaires de grec biblique, surtout en anglais, les modes intermédiaires sont plus rares. Il y a pour cela une bonne raison : après en général deux années d’initiation à la langue du Nouveau Testament, le mieux pour progresser, c’est bien entendu la lecture des textes eux-mêmes. Pour cela, et puisque l’étude du vocabulaire n’est malheureusement pas toujours systématisée (ou rationnelle), le recours à des « readers » peut s’avérer utile, voire nécessaire. Les « readers » sont des manuels accompagnant l’étudiant dans sa lecture, qui fournissent le minimum vital de vocabulaire (et d’analyse morphologique parfois) pour une lecture suivie du texte. Ce minimum est souvent établi sur une base passablement arbitraire, à savoir la fréquence des mots. Ce sont des béquilles, et elles ont le mérite d’exister.

   Parmi les readers les plus connus, mentionnons ceux de la Baylor University Pess : Baylor Handbook on the Greek New Testament et Baylor Handbook on the Hebrew Bible. Et chez Zondervan, dans un format plus accessible : A Reader’s Hebrew and Greek Bible. Les volumes de chez Baylor, dont je possède un certain nombre d’exemplaires autant pour le grec que pour l’hébreu, sont de belle facture, bien documentés, faciles à prendre en main. Ils sont destinés à l’étude exégétique, des textes. Beaucoup d’informations très intéressantes sont ventilées au fil des pages, sur le style, la linguistique, parfois l’histoire (pour la datation), et bien sûr le grammaire. Chaque volume constitue une petite synthèse des tenants et aboutissants d’un livre biblique. C’est réellement commode pour se plonger dans un livre, et réviser des faits linguistiques. Mais toute cette information a un revers : le texte est entrecoupé de longues discussions techniques ; ces ouvrages ne conviennent pas à un ouvrage profane d’édification, mais bel et bien à l’étude linguistique avant tout. Les ouvrages étant de taille modeste, ils sont très maniables et donc faciles à emporter partout. Ce qui nous mène au volume de Zondervan, de taille plus conséquente, et donc bien moins maniable : c’est une bible complète, qui propose au lecteur le texte biblique accompagné du vocabulaire pour les mots figurant 100x au moins pour l’hébreu, 25x ou moins pour l’araméen, et 30x ou moins pour le grec (ces données proviennent de la précédente version en deux volumes que je possède : A Reader’s Hebrew Bible et A Reader’s Greek New Testament ; pour le NT et sur l’acquisition du vocabulaire, j’encourage tous ceux qui étudient le grec biblique à prendre connaissance de l’édifiante préface du Reader/NT, pp.7-9). Contrairement aux volumes de chez Baylor (qui ne sont pas encore tout à fait complets), ce volume présente donc l’avantage d’être complet, et utile, pour peu bien sûr que la langue anglaise vous soit familière, et je dirais même plus, parfaitement acquise. Car si côté NT il n’y a pas tant de termes techniques (ou bien pour le NT, ces termes sont mieux connus, y compris en anglais), on se surprend de voir dans l’AT bon nombre de termes difficiles dont, pour ma part, le sens est obscur en hébreu comme en anglais. C’est alors que surviennent les limites de ce type d’ouvrage : à moins d’être parfaitement bilingue, il est difficile d’apprendre le sens d’un mot dans une autre langue. Non seulement pour en capter le sens véritable, mais aussi pour en apprécier l’usage.

   Gupta & Sandford, Intermediate Biblical Greek Reader (Pennington ePress, George Fox University Libraries, 2018), l’ouvrage présenté en exergue, fait partie intégrante de ce genre : c’est un manuel d’application proposant aux étudiants une lecture suivie et commentée de l’épître aux Galates : notes linguistiques, encadrés sur des mots de vocabulaire ou des concepts, exercices pratiques, parsèment l’ouvrage. C’est très scolaire, et bien moins dense que les Baylor. Mais l’objectif modeste reste engageant. Enfin d’ouvrage introduit en fin de parcours des extraits de la Septante, de l’épître de Jacques, et de Jean Chrysostome, et même un petit chapitre sur la critique textuelle. Fait notable, sa consultation est gratuite au format digital, et pour une somme symbolique en version papier.