L’Égypte ancienne à travers les papyrus (Burnet, 2003)

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Régis Burnet met généreusement en ligne son anthologie L’Égypte ancienne à travers les papyrus – Vie quotidienne (Éditions Flammarion, Pygmalion, 2003). Il s’agit d’un recueil de textes tout à fait passionnant qui invite à découvrir l’Égypte par une sélection de textes classés par thèmes, couvrant la période lagide (332-30 av. J.-C.) et romaine, jusqu’à Théodose (30 av. J.-C. – 395 ap. J.-C.). La première partie traite des échos de l’Histoire dans les papyrus, la seconde des voix du pouvoir et de l’administration, la troisième, de la voix des dieux et des démons, et la quatrième, la plus captivante, de la voix de la vie privée (travaux agricoles, médecine, esclavage, condition de la femme, etc.). Une section est consacrée à la vie des Juifs en Égypte, et notamment durant les grands événements que furent les deux révoltes juives (pp.65-79), et une autre à l’émergence du christianisme en Égypte, ses débuts, ses persécutions, et sa vigueur (pp.80-90). Tout l’intérêt de ces textes est de raconter les petites histoires à côté de la grande, celle qu’on apprend dans les manuels. C’est tellement plus concret et vivant !

On ne s’étonnera pas de trouver un chapitre consacré à la magie (pp.181-200), tant il est vrai que ce thème revient souvent dans les papyrus. Au menu : recettes magiques pour bien faire l’amour, formules pour guérir ou se prémunir de la maladie, philtres d’amour, et même formule d’invisibilité… Vous verrez, les recettes ne manquent pas de sel…

On ne s’étonnera pas non plus d’y voir le nom divin utilisé, sous la forme Iaô. Par exemple le texte n°117 (IIe s. ap. J.-C.), p. 183 (je souligne ; voir aussi p.191, 195):

Phylactère : « Grand dans les cieux, toi qui fais tourner le monde, vrai Dieu Iaô, Seigneur, Maître de tout, Ablanathalaabla, accorde, accorde-moi le pouvoir, la victoire. » […]

Les usages mystiques et gnostiques du nom divin sont patents quand on jette un œil aux nombreux papyrus de l’époque (ex.  BetzPreisendanz I&II ; sur l’usage apotropaïque du nom d’une divinité, voir ici). Ils ne doivent cependant pas occulter le fait qu’un usage non mystique peut s’observer également (cf. Shaw 2014).

En bref je vous recommande chaudement l’ouvrage de Burnet. Sur cet auteur, voyez mes autres posts : Luc 11.20 : par le doigt ?Régis Burnet : Pierre du Ier au Ve siècleY a-t-il une pseudépigraphie néotestamentaire ?

Sur ce type d’anthologies, je vous recommande aussi celle, excellente mais plus ancienne, de Wessely, Les plus anciens monuments du christianisme.

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