Le papyrus de Jérusalem : much ado ?

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On pourrait dire que c’est désespérant. Et pourtant cela commençait bien, trop bien peut-être… En effet l’IAA a annoncé hier la découverte d’un papyrus exceptionnel (11.5 x 2.5 cm) : âgé de 2700 ans (-650), il contiendrait la plus ancienne mention de la cité de Jérusalem. L’écriture indique en caractères paléohébreux :

[‘]mt. hmlk. mn‘rth. nblym. yyn. Yršlmh

(De la serv)ante du roi, de Naarta, (deux) jarres de vin à Jérusalem

2710165Le manuscrit semble provenir de la grotte du Nahal Hever, où il a été pillé par des trafiquants d’antiquités. Il y a cependant plusieurs ombres au tableau… Quelques curiosités sur l’orthographe interrogent (ex. le mem dans nblym, [jarres-de-] qui dépareille l’état construit avec le mot qui suit yyn [vin], cf. 1 Samuel 25:18, ou encore le hé directionnel dans Naarta; cf. Josué 16:7). Mais surtout, c’est l’exploitation même du document qui invite à la prudence, car cette exploitation est avant tout politique.

2710162The recovered document emphatically disproves the Palestinian claim to Jerusalem, a precondition that has been a stumbling block preventing negotiations with Israel. This battle-cry has been taken up by UNESCO in two resolutions initiated by the Arab nations granting Islam a religious monopoly on the Temple Mount. This Hebrew papyrus proves that Jerusalem was the Jewish capital 1,300 years before Mohammed, the father of Islam, was born. The papyrus even carries another clear indication that Jerusalem was originally a Jewish, and not Muslim, city: its subject is wine, a flourishing industry in ancient Israel and an essential part of the Temple service – and a substance expressly forbidden in Islam. Muslims would be hard-pressed to explain their part in this wine deal.

Speaking at the dedication of the Adelson School of Entrepreneurship at IDC Herzliya, Prime Minister Benjamin Netanyahu made use of the papyrus when discussing UNESCO’s “distorted, scandalous” decision. “This was a document, a shipping invoice, that was sent over 2,700 years ago from Na’arat, near Jerusalem, and it says in ancient Hebrew, and this is the critical word, but you can see it in Hebrew, ‘[me-a]mat ha-melekh me-Na’aratah nevelim yi’in Yerushalima’. ‘From the king’s maidservant, from Na’arat, jars of wine, to Jerusalem’,” Netanyahu translated. “Here is a letter from the past to UNESCO. It is written ‘Yerushalima.’ It explains, in Hebrew, our connection to Jerusalem and the centrality of Jerusalem. A servant of the king, certainly a king of Judah. It is from over 2,700 years ago – Jerusalem. Not in Arabic, not in Aramaic, not in Greek or Latin – in Hebrew.”

Source : Breaking Israel News

Dans un tel contexte, où l’artéfact archéologique est brandi dans les discussions géopolitiques, la plus grande réserve est de mise. A plus forte raison si le contenu est sensationnel : une très ancienne mention de la ville de Jérusalem, un document écrit ou commandé par une femme éminente… Rien d’impossible, mais des voix s’élèvent.

C’est en effet la datation au carbone 14, et l’analyse paléographique, qui ont permis de dater le document. Or ces deux méthodes ne sont pas infaillibles et l’éminent épigraphiste Christopher Rollston soulève quelques objections, qui semblent d’ailleurs être des objections de principe :

The fact that the papyrus itself has been carbon dated to the 7th century BCE certainly does not mean that the writing on the papyrus is ancient In fact, it really means nothing.  (…) There are some palaeographic and orthographic anomalies and inconsistencies in this papyrus inscription that are concerning and may suggest that it is modern, not ancient. (…)  The Jerusalem Papyrus is from the antiquities market and it has been floating around on the market for a few years now. It was not found on an actual archaeological excavation. (…) In short, to those wishing to declare that the letters on this papyrus inscription are ancient, I would say: ‘Not so fast!’

Il est sans doute trop tôt pour trancher. Les objections avancées ne sont pas insurmontables. Mais quand on sait combien le marché des antiquités recèle de forgeries modernes, le doute est de mise. Trop beau pour être vrai… mais si c’était vrai ? Voilà qui est désespérant quand on n’est pas spécialiste.

A consulter : Michael Langlois : Jérusalem mentionnée dans un papyrus plurimillénaire en pleine polémique à l’UNESCO – Breaking Israel NewsThe Jerusalem PostRollston : The New ‘Jerusalem’ Papyrus : No so Fast…Rollston : The Jerusalem Papyrus, Complementary NotationsScience et Avenir

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