24/07/2015

Galilée, le messager des étoiles (Maury, 1986)

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Cet ouvrage de Jean-Pierre Maury est remarquable : richement illustré, au style agréable et vivant, on le dévore en deux heures à peine. Les sept chapitres sont les suivants : 1. Le professeur sur les quais, 2. Galilée le copernicien, 3. Le message céleste, 4. De Venise à Florence, 5. De victoire en victoire, 6. Le piège et 7. De l’interdiction au procès. Comme tous les Découvertes Gallimard, l’ouvrage se termine par une rubrique Témoignages et documents.

Dans la vie de Galilée, tout est captivant. Sa passion pour la science expérimentale, et son amour de Dieu, font de ce pionnier un singulier personnage. Il veut percer la pensée de Dieu. Il veut comprendre l’Univers. Mais c’est assez d’Aristote et de Ptolémée. Grâce à une lunette astronomique de sa propre invention, il découvre le relief lunaire, des satellites à Jupiter, les phases de Vénus, les étranges tâches solaires… S’il n’explique pas tout – comme les anneaux de Saturne, ou la provenance des comètes -, du moins ses observations sont rigoureusement enregistrées, et il parvient souvent à en fournir de lumineuses explications.

Mais ses découvertes posent des problèmes à l’Église. Tout son travail confirme le système héliocentrique de Copernic l’hérétique… Galilée le sait, Giordano Bruno a terminé, naguère, sur le bûcher pour avoir soutenu ce type de thèse. Il pense un temps convaincre son monde par la raison, mais se rend bien vite compte que « la vérité » est affaire d’Église, et non de science. S’il soutient un temps que vérité scientifique et réalité sont indissociables, les oppositions, les intrigues, et même les complots qui le guettent le ramènent finalement à la triste réalité : la vérité scientifique, si elle contredit la vérité de l’Église, n’intéresse pas grand-monde.

Il est pitoyable en effet que soient si rares ceux qui s’attachent à la vérité. – Galilée à Kepler (08/1597)

L’affaire Galilée illustre parfaitement un conflit qui perdure de nos jours : l’interprétation du monde, ou des doctrines, n’est pas dans l’esprit de bien des ecclésiastiques affaire de compétence, mais d’autorité. Déjà à l’époque du Christ, on ne se figurait pas sa légitimité par son action : ἐν ποίᾳ ἐξουσίᾳ ταῦτα ποιεῖς ; (Marc 11.28) On voulait savoir de quel droit et par quelle autorité il menait son action. Autrement dit, qui l’avait mandaté. Les experts de la loi mosaïque examinaient les opinions d’une infinité d’autres experts,  avec un sens poussé de la casuistique, et un résultat pesant. Jésus, au contraire, agissait d’une manière tout à fait inédite : ἦν γὰρ διδάσκων αὐτοὺς ὡς ἐξουσιάν ἔχων καὶ οὐχ ὡς οἱ γραμματεῖς αὐτῶν. (Matthieu 11.29).

Dans la lignée de l’ouvrage de Maury, je vous recommande chaudement le film Galilée ou l’amour de Dieu, sur lequel je reviendrai à l’occasion.