22/02/2018

Un sceau « d’Ésaïe le prophète » ? (-VIII)

Le prophète Esaïe, fils d’Amots, a exercé son ministère dans le royaume de Juda à partir de 740, année de la mort du roi Ozias (6.1), sous les règnes de Yotam, d’Ahaz, et d’Ezéchias (1.1), ce dernier ayant régné jusqu’en 698 (686 selon d’autres). Il a ainsi été contemporain de son compatriote Michée, ainsi que d’Osée, prophète du royaume du Nord à la fin de celui-ci. Esaïe a vécu à Jérusalem. On sait qu’il a été le père d’au moins deux fils, nés au début de son ministère, et auxquels il a donné des noms symboliques en rapport avec le message prophétique dont il était alors chargé (Es 7-8). On est tenté de le considérer comme un aristocrate, car il avait ses entrées à la cour, connaissait bien la haute société (chap. 1), et portait un grand intérêt à la politique nationale et internationale, dont il était bien informé. Il a exercé une grande influence auprès d’Ezéchias. Il semble même avoir fait oeuvre d’historiographe de la cour de Juda (voir 2Ch 26.22; en outre, il est probablement l’auteur des chapitres consacrés au règne d’Ezéchias en 2R 18-20, et qui se retrouvent en Es 36-39). – Bible du Semeur, nouvelle édition (2018 : 1032).

Avec ces quelques mots de présentation d’Esaïe et de son contexte à l’esprit, la découverte récente d’une nouvelle empreinte antique, dans l’Ophel à Jérusalem, prend tout son sens. Les archéologues viennent en effet d’annoncer la découverte d’une intrigante empreinte, où l’on semble pouvoir lire la mention [Appartenant à] Esaïe proph[ète], en hébreu [לישעיה[ו] נבי[א.

Si la lecture est correcte, ce serait la première fois que l’existence du plus célèbre des prophètes serait attestée par une source non biblique.

Deux détails principalement posent problème aux spécialistes : 1. l’article manque devant le mot prophète, et 2. l’aleph de נביא n’est pas visible.

Comme on peut le voir sur la reproduction ci-dessus, l’empreinte d’argile est fort endommagée.

Il se pourrait que les deux lettres manquantes ait figuré sur la première ligne, et l’aleph manquant dans la seconde, comme le suggère le schéma ci-dessus, ce qui donnerait : לישעיה[וה]נבי[אMais ce n’est pas sûr.

Ce n’est pas sûr, mais gageons que trouver l’empreinte d’un sceau d’Esaïe à deux pas de celle d’un sceau du roi Ezéchias, c’est intrigant ! On ne voit pas vraiment, d’ailleurs, ce qu’on pourrait lire d’autre.

Finding a seal impression of the prophet Isaiah next to that of King Hezekiah should not be unexpected. It would not be the first time that seal impressions of two Biblical personas, mentioned in the same verse in the Bible, were found in an archaeological context. In our City of David excavations (2005–2008), the seal impressions of Yehukhal ben Sheleḿiyahu ben Shovi and Gedaliyahu ben Pashḥur, high officials in King Ẓedekiah’s court (Jeremiah 38:1), were found only a few feet apart.13 Furthermore, according to the Bible, the names of King Hezekiah and the prophet Isaiah are mentioned in one breath 14 of the 29 times the name of Isaiah is recalled (2 Kings 19–20; Isaiah 37–39). No other figure was closer to King Hezekiah than the prophet Isaiah. – BAR

Décidemment, l’Ophel est une manne pour les archéologues. Compte tenu des nombreuses interactions entre Esaïe et Ezéchias (cf. par exemple 2 Rois 19:5, 2 Rois 19:20, 2 Rois 20:1, 2 Rois 20:7, 2 Rois 20:8, 2 Rois 20:14, 2 Rois 20:15, 2 Rois 20:16, 2 Rois 20:19, 2 Chroniques 32:20, 2 Chroniques 32:32, Esaïe 1:1, Esaïe 37:5, Esaïe 37:21, Esaïe 38:1, Esaïe 38:21, Esaïe 39:3, Esaïe 39:4, Esaïe 39:5, Esaïe 39:8), il ne serait pas du tout étonnant de voir prochainement d’autres artéfacts, en meilleur état c’est à espérer, faire surface.

Pour en savoir plus : BAR | NG