Les figures de rhétorique
Ainsi que quelques termes littéraires d'usage courant
81 termes, leur signification, leur illustration
La rhétorique
La rhétorique groupe et classe un certain nombre de figures ou tournures de style qui rendent vive l'expression de la pensée ou du sentiment. Elle distingue deux grands ensemble: les figures de mots qui détournent un mot de son sens habituel, pour lui en donner un autre moins fréquemment usité. Ex.: la métaphore, l'antiphrase. Les figures de pensées ou mode d'expression linguistique et stylistique de certaines structures de pensée. Ex.: l'antithèse, l'hyperbole.
Partie d'une pièce de théâtre correspondant à une étape importante dans le déroulement général d'une pièce. Chaque acte (la plupart des pièces classiques en comptent cinq) est subdivisé en scènes.
Fait d'accumuler des termes de même nature, de même fonction ou de sens voisin; mode de l'amplification (cf. Catilinaires, II,7)
Développement oratoire. cf. Cat. I,17; 206.
Procédé stylistique consistant à reprendre le même mot (ou le même groupe de mots) au début de phrases successives.
éty.: gr. anafora «reprise, action d'élever».
Ex.: "Rome, l'unique objet de mon ressentiment!
Rome, à qui ton bras vient d'immoler mon amant!
Rome qui t'a vu naître, et que ton coeur adore!
Rome enfin que je hais parce qu'elle t'honore!", Camille à Horace, dans Horace (1640) de P. Corneille (1606 - 1684)
"Toujours aimer, toujours souffrir, toujours mourir"
cf. Cat. I,1 (nihil...nihil...); I,8, I,18, I,22; III,26, etc.
Nom donné au vers de douze pieds, parce qu’il fut employé, au XIIe s., dans une version, par Alexandre de Paris, du Roman d’Alexandre, qui eut un succès retentissant. Ce n’est que progressivement qu’il est devenu le vers français par excellence, après avoir triomphé, au XVIe s., de l’hexamètre dactylique de la poésie grecque et latine, et du décasyllabe médiéval, encore employé par Ronsard. L’alexandrin s’imposa définitivement avec Malherbe et surtout la tragédie classique (Racine). Malgré les innovations romantiques et l’apparition du vers libre, Mallarmé le définira encore comme le «vers de toujours».
> Alexandrin classique: Il est composé de 2 groupes comportant chacun 6 syllabes prononcées: les hémistiches, séparées entre eux par une pause: la césure.
Ex.: Ceux que vous oubliez ne vous oublieront pas.
Son rythme est fondé sur 4 accents placés comme suit: un accent mobile dans chaque hémistiche, un accent sur la sixième et la douzième syllabe.
> Alexandrin romantique: il se différencie du précédent par la place et le nombre de ses accents.
Ex.: J'ai disloqué/ ce grand niais / d'alexandrin.
4 4 4
1. Représentation d’une idée ou d’une qualité morale au moyen d’une image concrète, celle d’un être vivant par exemple.
2. Œuvre littéraire ou picturale utilisant ce mode d’expression et susceptible de faire l’objet d’une double interprétation, l’une littérale, l’autre symbolique. Le Roman de la rose, récit d’un songe, est une allégorie de l’amour courtois.
éty.: gr.: allhgoria, de. alloV «autre» et
agoreuein «parler», c.-à-d. «employer des termes différents des termes propres».
Expression d'une idée par une image, une métaphore. Très fréquente chez les poètes de la Pléiade.
Rapprochement de deux termes apparemment incompatibles, que l'on n'a pas coutume de juxtaposer et dont l'association produit un effet de surprise et de mise en valeur. Ex.: dans le Petit Chose , Daudet, parlant de l'abbé Germane, use d'une double alliance de mots: « sa belle figure laide sourit tristement ». Autre ex.: un jeune vieillard
Figure de rhétorique consistant dans la répétition de sonorités identiques à l’intérieur d’une phrase: il s’assit sur son séant. L’allitération est utilisée pour obtenir un effet harmonieux, surprenant ou comique: «Non, il n’est rien que Nanine n’honore» (Voltaire). Ex.: « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes? », Racine. éty.: ad, vers; littera: lettres
Brusque changement de construction syntaxique ou interruption d'uns construction grammaticale au profit d'une autre., à l’intérieur d’une phrase. Ex. "Celui qui doute le plus, c’est pour lui que je parle" ou « Vous voulez que ce Dieu vous comble de bienfaits / et ne l'aimez jamais. », Racine.
éty.: gr. anakolouqon «sans liaison»
Procédé ironique consistant à dire le contraire de ce que l'on veut réellement signifier. Ex., lorsque quelqu'un vous dérange: « Eh bien, je vous en prie! Ne vous gênez pas! » ou: "C'est malin!" à quelqu'un qui fait une bêtise.
Rapprochement de deux mots, expressions ou idées opposées, afin d'éclairer leurs différences. Ex.: la Nature est grande dans les petites choses.
- "Le riche et l'indigent, l'imprudent et le sage, Sujets à une même loi, subissent même sort." (deux concepts et même rapport)
- "Tout lui plaît et déplaît, tout le choque et l'oblige, Sans raison il est gai, sans raison il s'afflige..." (un concept, plusieurs rapports) - "C’est cela et pas autre chose..."
- "Etre ou ne pas être..." (Shakespeare)
- "Car le jeune homme est beau, mais le vieillard est grand." (Victor Hugo)
Sorte de synecdoque consistant à utiliser un nom commun à la place d'un nom propre (ex. Le Roi pour François Ier, César pour empereur)
éty. antonomasia, "fait d'appeler autrement", du vb. antonomazw, "appeler autrement"
Mot qui, par son sens, s'oppose directement à un autre. Ex: beau et laid, riche et pauvre. éty.: anti, "contre", onuma, "nom"
Texte qui défend, justifie une personne ou une chose, souvent par le biais de la louange. Ex.: Apologie de Socrate, écrite par son disciple Platon. gr. apologia, "défense".
Figure par laquelle on adresse la parole à des personnes (Présente ou absente, réelle ou imaginaire), à des objets inanimés, à des entités. Ex.: l'apostrophe de Lamartine au Lac: « ô lac, l'année à peine à finir sa carrière » dans Le Lac. gr.: apostrofh, "action de se retourner"
> s'apostropher: échanger ds apostrophes, par ext.: s'invectiver.
Mot ou expression qui n'est plus en usage au moment où l'auteur écrit son texte. Ex. : Aurai-je l'heur de vous plaire?, (heur employé pour bonheur)
éty.: arcaioV, "ancien"
Répétition dans une phrase poétique ou à la fin de deux vers de la même voyelle accentuée. Jusqu'au XII siècle(découverte de la rime), les vers français étaient assonancés. Voir les poèmes du Testament de Villon.
Suppression d’une ou de plusieurs articulations à l’intérieur d’un énoncé,
là où l’on s’attend logiquement à en trouver, par ex. l’asyndète de et ou donc
dans: je m’ennuie, je pars. (cf.Cat.., IV,18)
éty.: gr.: asundeteon, de. a-
priv., et sundein «relier».
Pause fixe à l'intérieur d'un vers, entre une syllabe accentué: rien n'est beau que le vrai (6) // le vrai seul est aimable. (12)
éty.: lat., caesura, "coupure", de caedere, "couper"
Fait de placer en ordre inverse les éléments syntaxiquement identiques de deux groupes de mots. Ex. Cat. I, 16: vocis contumeliam, judicio taciturnitatis.(I,20;I,30;II,9;II,23;II,27;III,2;IV,3;IV,21). Ex.: Manger pour vivre, vivre pour manger.
Schéma: N Vb. / Vb. N ; Adj N / N Adj. (ex.: une ravissante femme d'une intelligence séduisante)
éty.: ciasma, "croisement"
Procédé par lequel on met en parallèle 2 termes pour insister sur les rapports d'analogie qu'ils ont entre eux, généralement à l'aide de comparants dont les plus usuels sont: comme, tel que, semblable à. Ex.: Sa main tremblait comme une feuille.(Pensez à image, métaphore, parallèle, cliché)
- "Le bonheur des méchants comme un torrent s'écoule."
Dans l'Antiquité: dissertation critique. De nos jours: discours violent et critique, souvent injurieux, souvent motivé par l'amertume. Ex.: à la cours de Prusse, Voltaire, irrité et blessé par ses compatriotes, écrivit La Diatribe du docteur Akakia.
éty.: diatribh, "discussion d'école"
Echange d'un temps, d'un nombre ou d'une personne pour un autre (cf. Cat. II, 3: iudicarem pour iudicassem)
Moment où l'on revient sur ce que l'on vient de dire, pourle renforcer ou atténuer son propos (cf. Cat., I,2. ...vivit. Vivit? Immo vero: cet homme vit. Il vit? Bien plus:...)
Forme de diction qui consiste à dissocier deux voyelles consécutives pour les prononcer de façon très distincte en deux syllabes. Ex.: la Nati / on chérie a vi / olé sa foi (Racine)
Suppression dans une phrase, ou un membre de phrase, d'un ou plusieurs mots, qui serait grammaticalement nécessaire. L'ellipse est employée couramment dans le sytle télégraphique: « Mer belle à peu agitée vent de Nord - Nord Ouest ». Dans la langue parlée: « Cette mauvaise note, quelle catastrophe! »
L'ellipse est à bannir des travaux écrits, cependant, quand elle est bien maîtrisée, elle cesse d'être négligence ou laxisme pour devenir figure de style traduisant l'intensité et l'émotion: cet homme est d'une beauté... non, mais d'une beauté!
La quasi simultanéité de plusieurs action: « Une porte qui s'ouvre, un trot de souris dans le couloir, c'était Mamette », Daudet, Les vieux, les lettres de Mon moulin.
Figure de style qui consiste à minimiser, à adoucir par l'expression ou le tour de phrase certaines idées désagréables, odieuses, tristes, malhonnêtes. On dira par l'euphémisme: « Mon oncle a disparu », pour: « Il est mort ». On dira également d'une nonagénaire: « C'est une femme d'un certain âge ». La langue poétique a longtemps reposé sur l'emploi systématique de l'euphémisme pour éviter certains termes trop réalistes. On n'écrivait pas : « Une vache », mais: « Une génisse ». Dans ce cas, l'euphémisme se définit plus simplement comme l'emploi d'un mot favorable. Ety.: eu- « bien »et « fhmi », « je dis ». (eufhmismoV, "emploi d'un mot favorable)
Emploi dans une énumération de mots ou d'expressions de force croissante ou décroissante pour suggérer une progression. Ex.: « Je me meurs, je suis mort, je suis enterré. » (Molière), ou encore « Un souffle, une ombre, un rien, tout lui donnait la fièvre » (La Fontaine). La gradation produit souvent un effet comique. "Va, cours, vole, et nous venge"
Partie d'un vers précédant ou suivant la césure. Ex.: « Et la mer s'apaisait / comme une urne écumante », Larmartine. Ou: « Son regard est pareil / au regard des statues », Verlaine.
Fait de dissocier en deux éléments coordonnés une formule où les deux mots sont habituellement subordonnés. (Cat. I,2: furorem ac tela)
Mot qui se prononce comme un autre et s'écrit différemment. Au sein d'une communauté, les individus sont sains; on peut honorer les saints. (autre ex.: son, adj.poss., son, sensation auditive, son, résidu du blé)
Figure consistant à attribuer à certains mots d’une phrase ce qui se rapporte à d’autres mots: le héros leva une main vengeresse (c’est le héros qui se venge, non la main).gr: upallagh, «inversion»
Figure de style qui repose sur l'exagération. Ex.: dire d'un homme de 1.60m que c'est un nain, et d'une voiture rapide: c'est un bolide.
> Initialement, le but de l'hyperbole est d'impressionner celui auquel elle s'adresse en frappant son imagination, mais le langage a abusé des hyperboles, ce qui a eu pour effet de diminuer leur valeur.
> La publicité repose sur l'hyperbole, ex: les produits « super-détartrants. »
> Certaines hyperboles sont passées dans le langage courant et ne sont plus ressenties comme telle. Ex.: habiter au bout du monde.
Peinture vive et énergique d'une scène; passage où l'écriture rivalise avec les arts visuels (Cat. IV,11: Videor enim... bacchantis)
Locution propre à une langue, et que l'on ne peut traduire littéralement dans une autre. Les idiotismes du français sont des gallicismes: il y a, est-ce que?, présentatif c’est.
Procédé par lequel on rend les idées plus vives, plus concrètes. Les 2 catégories d'images sont la comparaison et la métaphore.
Figure de style qui consiste à affaiblir une expression pour lui donner davantage de force. Elle peut être employée:
par pudeur, dans le Cid, Chimène n'ose avouer son amour à Rodrigue, mais entend lui signifier qu'il ne lui est pas indifférent, et lui dit: « Va, je ne te hais point »
par ironie: Vous êtes quelque peu en retard (à une personne qui a un retard de 2 heures)
pour produire un effet comique: « Il ne déteste pas boire » pour signifier: « Il est ivre du matin au soir ».
La litote est le contraire de l'hyperbole. éty.: gr. litothV, "simplificité"
Expression poétique et souvent de sentiments, de passions.
Elle remplace le nom d'une chose par celui d'une autre qui est proche. Ex.: boire une bonne bouteille pour désigner le contenu de cette bouteille.
Terme de versification synonyme de mesure.
Au théâtre, scène dans laquelle le personne est seul et parle à haute voix, le plus souvent de décider de sa conduite future en fonction d'événements récemment survenus dans son existence. Ex.: le monologue de Rodrigue dans le Cid.
Dans le roman, et particulièrement le Nouveau Roman, le monologue intérieur est une suite de pensées, de méditations, de réflexions, plus ou moins clairement formulé »es qui affleurent à la conscience du narrateur et qu'il livre au lecteur en s'exprimant par l'emploi du « je ». Ex.: le monologue intérieur de James Joyce dans Ulysse.
éty.: monoV, "seul" & logoV, "discours, parole"
Texte qui est l'objet d'une attention particulière de la part de l'auteur et qui met en valeur son talent.
Onomatopée
Formation de mots qui, phonétiquement, imitent ou tentent d’imiter le son produit
par une chose ou un être. / Mot ainsi formé (plouf, vroum, tic-tac, glou-glou).
L’onomatopée est distincte de l’imitation proprement dite dans la mesure où
elle se comporte comme une unité lexicale (un tic-tac lancinant, des glouglous
évocateurs) et peut donner lieu à des dérivés (glouglouter).
éty.: lat. onomastopoeia, gr. onomatopoiia «création poiein «faire» de mots onoma».
Figure de style qui consiste à réunir deux mots antinomiques ou incompatibles. Ce procédé fut largement utilisé dans la littérature de l’époque baroque (... cette obscure clarté qui tombe des étoiles. Corneille,
le Cid), mais il est encore parfois usité dans le langage courant: Répondre par un silence éloquent.
éty.: grec: ozumwron,
de ozuV «pointu», «piquant» et
mwroV «émoussé»;
ex.: "héroïque boucherie" (Voltaire), "sacrarium sceleratum"
(Cicéron)
Discours public à la louange d'un homme ou d'une uvre. Aujourd'hui ce discours est le plus souvent trop élogieux et frise l'hypocrisie. gr.: panhgurikoV (adj.), "discours dans une assemblée nationale"
Affirmation qui va à l'encontre des idées généralement admises. (Ct., I,18: tacita loquitur: quoique muette, parle), I,21: cum tacent, clamant (bien qu'ils se taisent, ils crient), gr.: paradozoV, de para, contre et dozoV, l'opinion
Qui touche le « pathos » (paqoV, la crainte, la peur), c'est-à-dire les sentiments violents du spectateur ou du lecteur afin de l'émouvoir.
Phrase plutôt longue, souvent complexe, composée de plusieurs propositions articulées entre elles, qui forment un sens complet. Le tout est un vaste monument ordonné et équilibré.
Figure qui consiste à exprimer à l'aide de plusieurs mots ce que l'on aurait pu dire en un seul. Ex: "Il y a des lieux où il faut appeler Paris, Paris et d'autres où il faut appeler capitale du Royaume." (Pascal) La périphrase constitue parfois un euphémisme: le bas du dos, pour les fesses. ex.: la messagère du printemps, pour l'hirondelle, le Roi Soleil, pour Louis XIV. gr.: perifrasiV, action d'examiner soigneusement, du vb. perifrazomai.
Conclusion d'un discours (lat. peroratio, de de per "après",et oratio, "discours")
Figure de style qui consiste à faire d'un être inanimé ou d'une entité un personnage réel en lui prêtant des sentiments et des discours humains.
Forme particulière de redondance qui fait apparaître deux fois le même élément de contenu (la même information) dans un syntagme ou une phrase unique. Ex.: Monter en haut. La personne dont je t’en ai parlé. Lorsqu’il porte sur des éléments lexicaux, le pléonasme constitue une maladresse stylistique. Lorsqu’il porte sur des éléments grammaticaux, il constitue une incorrection: dans la personne dont je t’en ai parlé, en répète sans utilité l’information déjà fournie par dont. Mais dans je ne sais pas où la trouver, elle, mon amie de toujours, le pléonasme est justifié par l’intention d’expressivité, de même que dans je l’ai vu de mes propres yeux. périssologie.
> répétition d'un rapport grammatical: En Côte-d'Ivoire, on s'y baigne.
En, y, on la même valeur. Y n'apporte aucune précision complémentaire
par rapport à en. C'est une maladresse. gr. pleonasmoV,
"surabondance"
> répétition d'une même idée pour produire un effet d'insistance: "Que me fait, à moi, cette Troie où je cours", Racine.
> Composition en vers d'une certaine longueur ou d'une certaine importance par le message qu'elle véhicule. Les deux conditions coexistent souvent. Ex.: les poèmes des Destinées de Vigny comme La Maison du berger, le Mont des Oliviers.
> On appelle "poèmes à forme fixe" ceux qui obéissent à des règles de versification très strictes. Ex. le sonnet.
> On appelle "poème en prose" un ouvrage qui d'un point de vue formel n'obéit pas aux règles de la versification, mais dont l'inspiration se rattache à celle de la poésie. Ex. poésie en prose de Rimbaud, de Baudelaire.
Ce terme a un sens plus large que le précédent. Il désigne un discours spécifique où l'inspiration se coule dans une technique, celle de la versification.
éty.: poihsiV, "production, action, chose ayant été faite", du vb. poiein, "faire"
Figure de rhétorique par laquelle on déclare vouloir passer sous silence une information dans l'intention contraire d'attirer l'attention du lecteur ou de l'auditeur. Ex.: "Pour ne pas nommer notre collaborateur, Monsieur Martin", ex.: Cat. I,3: Nam illa antiqua nimis praetereo, quod...: en effet, je passe sous silence cet exemple ancien, selon lequel...; lat. praeteritum ; supin de praeterire , "omettre"
Forme de personnifiation qui consiste à faire parler une personne vivante ou morte présente ou absente, un être inanimé, une entité, en exprimant ce que l'on croit qu'elle aurait dit en des circonstances précises. Ex., dans Criton (Platon), Socrate fait intervenir une prosopopée de la ville d'Athène, qui lui demande de ne pas enfreindre la loi pour ne pas être ne contradiction avec lui-meême, ex.: Catilinaires: Rome qui s'adresse à Catilina: Nullum iam aliquot annis, I,3. gr. prosopwn, "personne", et poiein, "faire"
Strophe ou poème de quatre vers.
Ex.: "Que fait le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou respire
Tout dise: "Ils ont aimé" ". Lamartine, dernière strophe du Lac.
Méprise portant sur une personne ou sur une chose qu’on prend pour une autre. / La situation ainsi créée. Le quiproquo est l’un des ressorts de la comédie boulevardière.
éty.: lat. scolast. quid pro quod «une chose pour une autre»
Pléonasme par coordination de sens. Ex.: "un
enfant calme et paisible" redondance
éty.: lat. redundans «regorgeant», de unda «onde».
Quand il y a enjambement, le rythme est brisé; l'élément syntaxique placé dans le vers 2 appartient par le sens au vers 1.
Ex.: 1/ Le sepctacle fini, la charmante inconnue
2/ Se leva: le cou blanc, l'épaule demi-nue.
Retour d'un son identique à la fin de deux vers au moins.
La rime peut être:
> masculine: elle ne se termine par par un e muet. Ex.: le beauté.
> féminine: elle se termine par un e muet. Ex.: la rive.
Deux rimes peuvent être:
> suffisantes: composées d'une consonne d'appui et d'une autre voyelle. Ex.: rendu, perdu.
> riches: portant sur plus de deux sons. Ex.: emporte, remporte.
> plates ou suivies: leur ordre est a. a. b. b.
>embrassées: leur ordre est a. b. b. a.
Mouvement réglé et mesuré du vers qui repose à la fois sur les accents, les coupes, les rejets.
Partie d'un acte pensant laquelle le théâtre (ou la scène au sens matériel du terme: le décor, du gr. schnh, "abri") est occupé par les mêmes personnages. L'entrée ou la sortie d'un personnage détermine toujours le passage d'une scène à une autre scène.
Figure de style qui consiste à désigner un objet par l'une de ses parties ou par l'un de ses caractères seulement.
Ex.: une voile désignant un bateau, un vison désignon un manteau fait de peaux de visions, un mortes pour désigner un homme.
En versification, fusion en une seule émission de voix de deux voyelles contiguës. Ex. prononcer vio / lent à la place de vi / o / lent.
Tirade
Au théâtre, longue réplique ou long monologue d’un personnage. / Péj. Long développement
déclamatoire.
En poésie, phrase ou membre de phrase présentant des caractéristiques formelles:
> un certain nombre de syllabes
> terminé par une rime
> soumis à n rythme
> généralement d'inspiration poétique.
Zeugma
Coordination de deux ou de plusieurs éléments qui ne sont pas sur le même plan syntaxique ou sémantique.Ex. : Vêtu de probité candide et de lin blanc, Hugo; Le zeuma peut être une erreur bizarre: "Il parlait en remuant la tête et en anglais", ou une création cocasse:"Il s'enfonça dans la nuit noire et un clou dans la fesse droite" (P.DAC)
Consiste à dire, par une raillerie plaisante ou sérieuse, le contraire de ce que l’on pense ou ce ce que l’on veut faire penser. Sa matière est l’antiphrase, son but la moquerie. L’ironie fine est celle dont le vrai sens se fait attendre, dont la victime se rend compte après tout le monde, dont le sens ne sera jamais tout à fait clair, qui laissera toujours un doute. Antitrope Sarcasme: moquerie agressive et cruelle (diatribe, satire, libelle). Persiflage : Où quelqu'un est tourné en ridicule sur un ton ironique et badin.
Quelqu'un ou quelque chose est présenté sous un jour exagérément défavorable. - "J’ai horreur de ces gueules de morues salées, de ces figures qui ne sont pas des figures humaines mais une petite exposition de vertus !" (Claudel, Le soulier de Satin) - "Si vous la voyiez, avec ses bas qui lui tombent sur les chevilles, et cette allure de poule qui ne sait plus comment pondre un oeuf, toujours à papoter et à dire du mal des autres..." (Maud)
Discours qui suggère le contraire de ce qu’il dit. - "Ayez donc des enfants !" , "Ne vous gênez pas !", "Tu m'étonnes !"... - "Bien sûr, personne ne peut t'aimer, tu es plus bête que tout le monde." (Maud) = Antiphrase.
Discours délicat et ingénieux par lequel on loue ou l’on flatte avec l’apparence du blâme et du reproche. C’est une forme d’ironie mondaine. - "Quoi ! Encore un chef-d’oeuvre ! N’était-ce pas assez de ceux que vous avez déjà publiés ! Vous voulez donc désespérer tout-à-fait vos rivaux !"
Ecart consistant à rapprocher deux idées n'ayant apparemment aucun sens. - "On marche avec les pieds mais on se réchauffe à l'électricité ou au charbon." (Ionesco, La Cantatrice Chauve)
Passage d'une idée à une autre n'ayant aucun rapport avec la première.
Passage d'un discours paraissant hors-sujet mais rejoignant le thème principal.
Répétition d’un même mot pris dans différents sens, ou rapprochement de deux mots homonymes et univoques avec des significations différentes.
- "Le coeur a des raisons que la raison ne connaît pas". (Pascal)
- "Il est notoire que les sujets sérieux exigent d’être traités par des sujets sérieux." (Vian) - "Il faudrait pouvoir accéder au savoir sans le savoir." (Sam Lucido)
- "Elle s'est trouvé mal (moi je la trouvais bien)." (San-Antonio) = Diaphore : celle-ci joue également sur un changement de la modalité de la phrase, comme le fait la remotivation : "
- Maraud, faquin, butor de pied-plat ridicule ! - Ah ?... Et moi, Cyrano-Savinien-Hercule.." (Rostand, Cyrano de Bergerac)
Ressemblance (voire égalité) d'orthographe ou de prononciation.
- "Les mûres sont mûres le long des murs et des bouches bouchent nos yeux." (Robert Desnos, L'aumonyme)
Consiste à répéter (entièrement, partiellement ou en le disant autrement) un mot pour permettre le rattachement de nouveaux groupes de mots.
- "Car, vois-tu, rien n’empêcherait la race d’hommes à l’oeil unique que, nouveau Prométhée, tu veux substituer à la nôtre, rien ne l’empêcherait, dis-je..."
Retour des mêmes mots un grand nombre de fois. - "L’écho l’écho qui joue à répéter plus fort plus fort PLUS FORT..." (Michaux)
Deux vocables de même lexème sont subordonnés l'un à l'autre :
- "Critiquez le critique." (M.Jacob)
- "Ceux qui ne comprennent pas ne comprennent pas que l'on ne comprenne pas." (Valéry)
- "Comment faire pour ne rien faire ?" (Valéry)
Emploi dans la même phrase de plusieurs mots ayant la même origine.
- "Et le combat cessa faute de combattants..."
- "Les prix bas, c'est essentiel, surtout sur l'essentiel." (publicité)
- "Ce que je fais faire, c'est que je vais tout refaire." (Kerl) - "Davantage d'avantages avantage davantage" (Bobby Lapointe)
- "Y'a moyen de moyenner moyennant quelques moyens." (Nico)
Retour d’un mot déjà énoncé :
- le roi des rois, le fin du fin...
- "la Comédie de la Comédie" (Tardieu)
Répétition d'une même lettre au début de chaque mot d'une phrase.
- "Didon dîna, dit-on, du dos d'un dodu dindon.".