Renaissance 2/2

Adam et Eve chassés du Paradis, Masaccio


Rénovation culturelle qui se produisit en Europe au XVe et au XVIe s., d'une part, dans les domaines littéraire, artistique et scientifique et, d'autre part, dans les domaines économique et social, avec les grandes découvertes et la naissance du capitalisme moderne.

LITTÉRATURE
La Renaissance prolonge les recherches philologiques et poétiques de Dante, Pétrarque et Boccace et prend son essor au XVe s. avec l'afflux des manuscrits grecs et des érudits chassés de Byzance. Facilitée par la découverte de l'imprimerie, qui fait connaître les œuvres antiques, elle s'épanouit d'abord en Italie, où elle a pour protecteurs les papes Jules II et Léon X, qui commanditent les écrivains et les artistes. C'est l'époque de l'Arioste, de Machiavel, de Bembo, du Tasse, de Trissino. Grâce à ses campagnes d'Italie, la France manifeste le même dynamisme rénovateur : François Ier fonde le Collège de France, Ronsard, Du Bellay et la Pléiade s'efforcent d'enrichir la langue et prêchent l'imitation des Grecs, des Latins et des Italiens tandis que s'élabore une morale humaniste, issue à la fois de l'enthousiasme de Rabelais et du scepticisme de Montaigne.

BEAUX-ARTS
C'est à Florence, dès la première moitié du quattrocento, que le retour aux sources antiques commence à se traduire par l'élaboration d'un système cohérent d'architecture et de décoration (plans, tracés modulaires, ordres), par l'étude de la perspective et par l'adoption d'un répertoire nouveau de thèmes mythologiques et allégoriques, où le nu trouve une place importante. Œuvre des Brunelleschi, Donatello, Masaccio, L. B. Alberti, etc., cette première Renaissance, d'une robustesse et d'une saveur primitive qui en dénotent la spontanéité, gagne rapidement l'ensemble de l'Italie, trouvant des développements multiples dans les cours princières d'Urbino (Piero della Francesca), Ferrare, Mantoue, Milan... En 1494, l'arrivée des troupes françaises bouleverse l'équilibre italien, et Rome recueille le flambeau du modernisme, jusqu'à la dispersion des artistes après le pillage de 1527. C'est la seconde Renaissance, œuvre d'artistes d'origines diverses rassemblés par les papes et qui réalisent au plus haut degré les aspirations florentines d'universalisme, de polyvalence, de liberté créatrice : Bramante, Raphaël, Michel-Ange (Léonard de Vinci étant, lui, contraint à une carrière nomade). D'autres foyers contribuent à cet apogée classique de la Renaissance : Parme, avec le Corrège ; Venise, surtout, avec Giorgione, puis avec le long règne de Titien (et, un peu plus tard, celui de Palladio en architecture). À cette époque, le nouvel art commence à se diffuser en Europe. Dürer s'imprègne de la première Renaissance vénitienne (Giovanni Bellini), et le voyage de Gossart à Rome (1508) prépare, pour la peinture des Pays-Bas, la voie du « romanisme ». L'Espagne et la France sont d'abord touchées, surtout par le biais du décor : grotesques et rinceaux, médaillons, pilastres et ordres plaqués sur une architecture traditionnelle tendent à remplacer le répertoire gothique. Dans le deuxième tiers du XVIe s. environ se situe la phase maniériste de la Renaissance, qui voit une exaspération des acquis antérieurs, en peinture et en sculpture notamment ; elle coïncide souvent, en architecture, avec la simple acquisition progressive du vocabulaire classique (Lescot et Delorme en France). Le désir d'égaler la « manière » des grands découvreurs du début du siècle conduit, dans une atmosphère de crise (crise politique de l'Italie, crise religieuse de la Réforme), à l'irréalisme fiévreux d'un Pontormo, à la grâce sophistiquée d'un Parmesan, à l'emphase d'un J. Romain, aux développements subtils de l'art de cour à Fontainebleau. Ce dernier centre devient à son tour pôle d'attraction pour des Flamands comme J. Metsys. À la fin du siècle, Prague sera un autre foyer du maniérisme (Arcimboldo, Spranger). Une dernière phase se joue en Italie avec la conclusion du concile de Trente, en 1563. La réforme de l'art religieux est portée au premier plan, avec le retour d'un classicisme de tendance puriste en architecture (Vignole ; style grandiose de l'Escurial en Espagne), naturaliste en peinture (les Carrache). Et, tandis que partout en Europe s'est imposé le vocabulaire de la Renaissance, avec ses versions régionales souvent pittoresques, l'Italie, encore, verra naître à la fin du siècle les courants qui marqueront le début d'une ère nouvelle : le réalisme populiste et dramatique du Caravage, la poétique illusionniste du baroque.

MUSIQUE
La Renaissance se situe du XVe s. au début du XVIIe s. et correspond à l'âge d'or de la polyphonie. Les musiciens italiens, anglais, bourguignons et franco-flamands s'expriment dans la messe, le motet, le madrigal, la chanson. Leur maître, Josquin Des Prés, représente l'aboutissement d'un style et l'ouverture d'une période marquée par la Réforme, qui apportera de nouvelles formes (psaume, choral) et la prédominance de la chanson française (Janequin). Cette perfection explique que les compositeurs se tournent vers de nouvelles voies, à la fin du XVIe s., en forgeant le style monodique qui aboutira à l'opéra (1600).

Lien Internet :
Histoire de l'art : la Renaissance